"Le fait divers est remis au goût du jour par Peter Dourountzis à travers une enquête sordide qui remonte aux origines d’un féminicide. Rapaces oscille entre thriller psychologique, drame familial autour d’une réconciliation père-fille, et plaidoyer pour le journalisme indépendant. Un mélange ambitieux, mais qui donne au film une tonalité déséquilibrée. Faute de liant pour harmoniser ses nombreuses sous-intrigues et thématiques, le long-métrage ne peut réellement compter que sur sa dernière partie – particulièrement réussie sur le plan du suspense – pour satisfaire la curiosité du public. Hélas, cela ne suffit pas à compenser les faiblesses d’un scénario aussi dense que prometteur."
"Il n’est jamais simple d’extraire des informations fiables de ce type de chroniques, souvent récupérées à des fins de buzz par de plus grandes structures journalistiques. Le portrait que dresse le réalisateur de ces travailleurs de l’ombre est à la fois sobre et crédible. L’enquête devient ici une affaire d’instinct autant que de hasard dans les coulisses parfois opaques des institutions judiciaires. Dourountzis parvient à éviter le didactisme plat de Vivants, mais son traitement de l’univers journalistique reste trop rapidement abandonné au profit de la trame principale, pourtant introduite avec une sobriété qui favorise l’évolution des personnages."
"Un meurtre d’une rare brutalité vient tout bouleverser, les poussant à suivre une piste aussi improbable qu’intrigante, gardant son parfum de mystère. Malheureusement, cette promesse narrative s’efface peu à peu dans une seconde partie qui met en lumière les limites du métier : sur le plan humain, social, juridique et déontologique. L’originalité s’estompe, et le traitement, bien que plus séduisant, demeure aussi scolaire et assommant que dans Vivants."
"Rapaces ne sait pas toujours s’il doit être frontal ou symbolique. Jusqu’à son titre, le film évoque la menace insidieuse de prédateurs rôdant autour de leurs proies. Mais cette métaphore d’une masculinité violente et insaisissable ne prend corps qu’à la toute fin. Peut-être trop tard. Reste qu’il est assez rare dans le paysage cinématographique français de prendre autant de risques qu’on ne peut qu’encourager cette volonté, en dépit de ses imperfections, loin d’être irréversibles dans le futur."
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