Voilà un film à la réalisation qui force le respect. Gilles Bourdos a réussi à la fois à raconter le privé du peintre et à nous faire vivre l'esprit de sa peinture. En résulte une atmosphère aérienne, envoûtante avec un rythme adéquat entre l'image et la musique d'Alexandre Desplat. Le film aurait pu avoir le titre moins vendeur mais tellement plus approprié d'Andrée et les Renoir, tellement cette femme à la fois muse du génie de la peinture et maîtresse de son fils a marqué les deux hommes. Andrée a aussi su se consacrer à eux sans les diviser ou les faire trop s'opposer, ce qui tient plutôt d'une bonne intelligence dans sa posture délicate.
Le film est intéressant également par ce qu'il suggère sans pertes et fracas à savoir que Renoir voyait en son fils Jean, une sorte de prolongement artistique familial. Et l'avenir ne le trompera pas des années plus tard. La description faite de Claude, presque un petit sauvageon, qui suit une existence dans laquelle il se sent méprisé et à l'étroit, demande par contre plus de recherche sur le privé de la famille Renoir pour se conforter dans cette idée.
La bonne surprise du film, c'est la prestation de Christa Théret. Sensuelle,mutine, sensible, elle arrive à faire oublier l'adolescente de LOL pour ce rôle de femme faussement décidée et assurée. Michel Bouquet et Vincent Rottiers l'accompagnent idéalement dans cette valse à trois où chaque tempo a son importance, car l'amant et le peintre, le père et le fils, ne doivent pas perdre de vue leurs discernements et leurs sentiments l'un pour l'autre.
Avec Turner et Toulouse-Lautrec, ce biopic sur Renoir a trouvé la tonalité juste en n'oubliant pas que ces peintres furent aussi des hommes avec leurs joies et leurs tourments. Sa dimension essentielle fut de choisir de dépeindre les dernières années déterminantes de l'artiste car il a renoué avec un de ses fils et la création. Des moments aussi magnifiques que ces escapades au bord de l'eau ou ces moments de pause privilégiés avec Andrée. Une grande réussite qui doit inciter à voir Renoir dont le box office de l'époque ne reflète pas les profondes qualités.

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le 26 juin 2016

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