Après un accident de voiture ayant mené à la mort cérébrale de leur fils de 17 ans, les parents sont questionnés à propos du don d'organes. Au même moment, une femme d'une cinquantaine d'années attend une greffe du cœur qui lui permettrait de vivre.
C'est peu dire si Réparer les vivants m'intéressait, de par le sujet et l'univers hospitalier que je connais bien, mais pour la capacité avec laquelle la réalisatrice, Katell Quillévéré, allait se sortir du sujet délicat du don d'organe sans tomber dans le pathos.
Mission en grande partie accomplie, car tout y est filmé avec une grande douceur, comme si c'était sur la pointe des pieds, une pudeur qui fait plaisir à voir et où personne ne renverse des tables ni ne hurle, tout y est contenu. C'est même extrêmement didactique sur le passage dans le service de réa(nimation), mais là aussi, sans que ça ne soit lourd.
Mais là où le film pourrait être mortifère, il célèbre aussi la vie, notamment avec des flash-backs sur cet ado de 17 ans, qui voulait jouir de chacun des instants, en faisant du surf aux aurores ou alors, et c'est une très belle scène, en rattrapant à vélo le métro dans lequel se trouve sa future petite amie.
Les acteurs sont également très justes, de Bouli Lanners à Emmenuelle Seigner en passant par la touchante Anne Dorval (qui est celle attendant une greffe cardiaque) ; même Kool Shen, que je n'ai pas reconnu d'ailleurs y est très bon.
Quant à l'aspect médical, c'est peut-être là une déformation professionnelle, c'est extrêmement bien étudié, de la pratique de la toilette mortuaire aux préparatifs de l'opération en passant par une jeune aide-soignante qui continue à parler à cet ado et les paroles du neuro-chirurgien Bouli Lanners, on sent qu'il y a eu un travail de recherche conséquent et où on ne fait pas n'importe quoi, ça pourrait (et ça peut) se passer de la même façon dans la vie.
Dans ce torrent de louanges, je veux juste pointer un bémol sur la musique d'Alexandre Desplat qui, si elle est aussi sur la même discrétion avec son thème au piano, est peut-être un peu trop démonstrative pour montrer que là, c'est triste. Le film aurait sans doute gagné à être plus épuré dans ce registre-là. Ensuite, et c'est l'avis de chacun, on pourrait le prendre pour une histoire militant pour le don d'organes.
Mais pour le reste, je n'ai rien à rajouter, Réparer les vivants est encore une très belle réussite de Quatell Kilévéré, qui m'avait déjà touché avec son premier film, Un poison violent.