T'as raison, Léon...
Que ce soit sur consoles ou au cinéma, la saga Resident Evil a connu nombre de hauts et de bas depuis 1996. Déjà, oui... Et il faut donc faire table rase de l'entreprise de Paul W.S. Anderson et de...
le 25 nov. 2021
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Passer de films d’action sans talents à un à petit thriller horrifique qui connaît ses limites mais qui respecte son sujet, d’emblée, c’est plutôt bien. Cela dit, la qualité de Resident Evil : bienvenue à Raccoon City, ne peut pas se mesurer uniquement par comparaison avec les adaptations précédentes ni même d’ailleurs par comparaison avec les deux premiers volets de la saga vidéoludique dont il est tiré. Le premier élément de comparaison tendrait à le rendre meilleur qu’il ne l’est, le second, forcément, à le plonger dans les bas-fonds des daubes sans intérêt... ce qu’il est loin d’être.
En fait, Resident Evil : bienvenue à Raccoon City est une proposition parfois maladroite mais plutôt intéressante. Fondre les épisodes un et deux en un film, par exemple, est un peu casse-gueule, d’ailleurs Johannes Roberts se vautre un peu dans la mesure où il ne peut pas mener de front tout ce qu’il entend explorer (et tout ce qu’on aurait voulu qu’il explore), dans la mesure où il se retrouve à devoir prendre des libertés avec les personnages pour qu’ils n’apparaissent pas interchangeables, et dans la mesure où le rythme en pâtit avec notamment une deuxième partie précipitée et brouillonne où tout se bouscule péniblement laissant un peu les spectateurs et les spectatrices sur le côté... mais c’est aussi un parti pris qui lui permet d’éviter une certaine forme de monotonie, d’être percutant -dans la mise en place d’une unité de temps assez resserrée, dans la synthétisation des éléments de scénario, dans la dynamique posée par la bascule, à plus grande échelle que dans les jeux, d’un groupe de personnages à l’autre-, et d’apporter à défaut d’un souffle nouveau, un petit quelque chose d’assez agréable.
Déjà, Johannes Roberts, même s’il a vu trop gros, est plein de bonnes intentions. C’est indéniablement un amateur du jeu même si le résultat final est discutable, mais c’est aussi un amateur de cinéma de genre et il montre dans son adaptation qu’il a bien potassé le petit Carpenter illustré et ça se retrouve dans le soin apporté à l’ambiance. En effet, ce qui marque essentiellement dans le film de Johannes Roberts, c’est l’ambiance qu’il a su installer. Il y a d’abord les lieux emblématiques tels que le manoir Spencer et le petit bout de forêt inhospitalière qui l’entoure, le commissariat de Raccoon City et ses abords noyés sous une pluie incessante... les décors sont plutôt réussis, la photo est assez classe, le score de Mark Korven est au diapason.
Et puis il y a ces petits trucs en plus dont la description d’une ville en train de pourrir sur place après le départ de la grosse compagnie sur laquelle elle reposait et, donc, l’aperçu de ses habitants condamnés autant par ce départ que par la présence initiale, bien sûr, puisque la compagnie est Umbrella Corporation. Leur décrépitude a quelque chose de dramatique. Les voisins de Chris, une mère et son enfant à qui l’empoisonnement progressif de la ville a fait perdre les cheveux et les mélanocytes par poignées sont très évocateurs -les effets visuels, côté pratique (les images de synthèse c’est un autre débat), sont au passage plutôt convaincants-. Ils sont des archétypes de victimes d’accidents industriels, de ceux liés à la radioactivité notamment, et leurs quelques scènes participent à l’ébauche d’une atmosphère inquiétante mais lui donne aussi un aspect humain. Les habitants de Raccoon City ne sont pas de simples zombies. Ce point de vue nuancé -toutes proportions gardées- se perd néanmoins un peu en deuxième moitié de film où les monstres prennent en volume, en assurance et en inhumanité... et c’est quelque part moins effrayant même si bien sûr on est un peu venu voir ça. Une forme de mesure générale reste à signaler, Roberts ne multiplie pas les créatures jusqu’à l’écœurement privilégiant ainsi un effet pur sur les spectateurs et spectatrices à une mécanique de surenchère qui tendrait à terme à neutraliser l’horreur. C’est pas parfait, loin de là, mais il y a bien quelque chose dans le film à se mettre sous la dent.
Non ce qui pêche vraiment en fait dans le Resident Evil de Roberts, c’est la caractérisation des personnages et le casting qui va avec. C’est pas évident de réunir autant de personnages iconiques qui se baladent tous côte-à-côte sur le chemin très étroit de l’héroïsme badass sans qu’ils se marchent dessus jusqu’à se superposer mais faire de Léon (Avan Jogia) le personnage comique de l’histoire n’est pas une solution. Son côté juvénile et son statut de jeune recrue est intéressant mais il pouvait être traduit autrement que par la bouffonnerie. Plus généralement d’ailleurs, l’humour, utilisé comme les petites touches d’humanité, pour donner plus d’impact à l’horreur, reste assez mal géré. Pour le reste les deux piliers que sont Chris Redfield et Albert Wesker, moins malmenés que Léon, souffrent du manque de charisme de Robbie Amell et Tom Hopper, les acteurs qui les portent. Un bon point cependant est à attribuer à Kaya Scodelario qui, en ces temps de retours en force d’héroïnes dures à cuire qui envoient toutes plus de pâté que les précédentes, s’en sort avec les honneurs dans le rôle de Claire Redfield.
Bonus
Riviera détente > « Si tu vois ce que je veux dire »
Personnage > Agissement
Fuite > Tombe pendant une fuite à pied – Stylé > Balance une petite phrase avant de mettre une personne hors d’état de nuire (ou juste après) – Tension > Échappe in extremis à un danger
Personnage > Caractéristique
Super pouvoir > Ces gens sont beaucoup trop beaux !
Personnage > Citation
Rassure > « Tout va bien se passer » / « Tout va bien, c’est fini. »
Personnage > Héros ou héroïne
Fibre héroïque > Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient – Super pouvoir > Simple blessure au front, au bras...
Réalisation
Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. – Mise en scène > L’unique rayon lumineux de la scène éclaire les yeux du personnage – Ouverture > Présentation écrite de l’univers, de la situation, du personnage, du contexte voire définition – Technique > Pluie artificielle artificielle
Réalisation > Accessoire et compagnie
Ambiance > Toutes les lampes sont allumées – Arme > Clic au lieu du Bang
Réalisation > Audio
Effet > Son métallique qui accompagne un jumpscare
Réalisation > Surprise !
Bagarre > Coup de feu qui fait craindre le pire pour l’héroïne ou le héros... jusqu’à ce que la/le méchant·e s’écroule ! – Enlevé·e (par une bestiole) depuis le plafond – Tension > Menace qui apparaît dans le dos d’un personnage
Scénario > Contexte spatio-temporel
Début d’orage au moment opportun
Scénario > Ficelle scénaristique
Cauchemar > Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut – Forçage de serrure à coup d’épingles ou de carte de crédit – L’univers est petit
Thème > N’importe quoi
Scientifiquement non prouvé > Séchage ultra-rapide de personnes trempées – Trop con·ne > Ces gens font des trucs complètement con
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Stéréotype sexiste > Heureusement que les femmes ont les pieds sur terre
---
Barème de notation :
1. À gerber
2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
3. On s'est fait grave chier
4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
9. Gros gros plaisir de ciné
10. Je ne m'en lasserais jamais
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Créée
le 20 mai 2025
Critique lue 8 fois
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