Une leçon de cinéma, avec ce thriller oppressant.....

Bonjour à tous,


Il fallait avoir 20 ans en 1968 pour comprendre ce que ce film a pu provoquer à l'époque. Autrement dit, pour reprendre ironiquement la chanson de Charles Aznavour, je vous parle d'un temps que les moins, non pas de 20 ans mais de 60 ans, ne peuvent pas connaître.... Comme "Les Valseuses", dans un genre différent bien sûr, furent une révolution en France en 1974... et pas qu'un peu... J'y étais ( ou pas ) et j'ai vu ( j' y étais réellement ? ) des gens sortir de la salle de cinéma, bien avant la fin, horrifiés au plus haut point. S'ils avaient pu mettre le feu au bâtiment, comme certains brulaient les hérétiques au Moyen-Age, je pense qu'ils l'auraient fait ! Nous sommes aujourd'hui en 2014 et il s'agit de films qui sont même diffusés à la Télévision ! Si on m'avait dit ça en 1968, je ne l'aurais jamais pensé possible...... Rien n'est devenu comparable et par conséquent, rien ne peut être comparé. Il n'y a pas d'effets spéciaux, il n'y a pas de trucages spectaculaires, il n'y a rien de ce qu'on peut voir aujourd'hui dans les productions estampillées "épouvante/horreur". Roman Polanski a été le premier à oser lancer la mode des films portant sur du "satanique", du "diabolique" et Dieu sait (humour cynique étant donné le sujet...) s'ils n'ont pas manqués depuis. L'ambiance, car tout n'est presque qu'ambiance dans Rosemary's baby, est dérangeante à souhaits. Une belle réussite cinématographique et une excellente interprétation de tous les personnages.


Cinquième film de Roman Polanski et celui de la révélation (succès, oscar et Golden Globe pour Ruth Gordon ainsi que diverses nominations…), «Rosemary’s Baby » nous fait suivre un couple qui vient d’emménager dans un grand appartement new-yorkais et pendant qu’ils sont peu à peu « envahis » par leurs voisins, Rosemary tombe enceinte… Polanski prend le temps de présenter ses personnages et de mettre en place l’histoire et instaure peu à peu un climat angoissant, paranoïaque, dérangeant et de tension, jouant sur la maternité, la peur du complot ou encore de l’abandon du mari. Il multiplie les symboles (plus ou moins remarquable d’ailleurs) et surtout, il arrive à nous faire croire à l’impossible, n’hésitant pas à rentrer dans le fantastique et plus souvent dans la suggestion. Les personnages sont très bien écrit et intéressant et en particulier Rosemary, dont l’évolution (physique et morale) est aussi intrigante que passionnante. Il maintient le suspense de bout en bout, sa mise en scène est particulièrement efficace et le rythme bien mené. Mia Farrow trouve là l’un de ses meilleurs rôles et est impeccable de bout en bout dans ce rôle paranoïaque, repoussant les limites de l’instinct maternel ! John Cassavetes, de plus en plus inquiétant lui rend très bien la réplique. Un Polanski angoissant qui a bien vieilli et dont l’effet ne s’est pas dissipé avec le temps !


On n'a pas véritablement peur devant Rosemary's Baby, on est angoissé plutôt. Les critiques de 1968 remarquaient déjà que ce n'était pas à proprement parler un film d'horreur. Mais la mise en scène brillante de Polanski crée une atmosphère oppressante, toute en cadrages asphyxiants, décors labyrinthiques et musique lancinente. Il alterne entre des plans classiques et d'autres filmés caméra au poing, notamment dans des séquences de cauchemar qui n'ont presque pas vieilli et ont déjà quelque chose de David Lynch. Derrière les failles de ce couple parfait, on retrouve toute l'inquiétude de la fin des années 60 face à la perte des repères moraux, dans le contexte des grands mouvements contestataires noirs, étudiants et hippies. Cette tension traverse Rosemary's Baby, résumée par la une du Time que feuillette Rosemary à la fin du film: "Is God dead?" C'est sûrement cette actualité du thème de la perte de foi qui, associée au talent de Polanski, a fait de Rosemary's Baby un succès commercial et critique, malgré des éléments de série B qui auraient pu repousser. Mais Rosemary's baby n'est pas seulement un film d'époque, c'est aussi la trajectoire d'un personnage féminin pris dans le carcan d'une société et d'une époque mysogines.


Même si Rosemary peut être vue comme complice de cette mysoginie quand elle passe son temps à décorer son appartement, apporte la bière et le sandwich à son mari et le laisse critiquer sa coupe de cheveux et le choix de ses amies, Mia Farrow donne au personnage quelque chose d'un peu rêveur et mélancolique qui le rend plus complexe. Le scénario lui-même, adapté du roman d'Ira Levin, se concentre largement sur la question, toujours d'actualité, du corps de la femme et de sa liberté d'en disposer: après tout le fameux bébé de Rosemary est le fruit d'un viol et l'objet d'un marchandage. Ces questions font de Rosemary's Baby un film au pouvoir de fascination intact, moins un film d'horreur qu'une histoire de grossesse cauchemardesque dont le final nous hantera encore longtemps.


Sublime de part son scénario, son jeu d'acteur et sa réalisation froide et pesante, Rosmary ´s Baby est sans aucun doute un très grand film. Le scénario est intéressant et angoissant, en particulier dans son troisième acte qui offre un très grand moment de suspens, sans parler de la fin, qui propose un excellent message, vraiment orignal dans le genre du cinéma d'épouvante. Malgré le fait qu'il est vieillit, le film a réussi à m'angoisser, et croyez moi, ce n'est pas facile. La réalisation et la direction d'acteurs sont excellent, tout comme la photographie et l'aspect artistique du film. C'est un très grand travail ! Malheureusement, le film est un poil trop long à se mettre en place, ce qui rend l'immersion difficile au début du récit. J'ai également du mal avec la dernière scène du film, qui n'est pas vraiment à la hauteur de mes espérances niveau dialogues et révélations. Heureusement que le message viens tout rattraper, ainsi que le dernier plan sur Rosmary, qui est magnifique !! Un très grand film, malgré les quelques défauts cités. Un chef d'œuvre du genre.


On ne présente plus Rosemary's Baby, film culte et souvent considéré comme la meilleure oeuvre de l'excellent Roman Polanski. Et pour cause. Malgré les conseils de leur vieil ami Hutch, Guy Woodhouse et sa jeune femme, enceinte, s'installent dans un immeuble new-yorkais vétuste, considéré par leur ami comme une demeure maléfique. Aussitôt, leurs voisins, Minnie et Roman Castevet, vieux couple d'Europe centrale, imposent leur amitié et leurs services. Si Guy accepte facilement ce voisinage, Rosemary s'en inquiète. Nous sommes donc directement plongés dans l'intimité de ce jeune couple, au sein de cet étrange appartement. L'ambiance est dès lors très atypique, très marquée et très inquiétante. Même si la première partie du film se contente de poser calmement le décor et de nous présenter sereinement les personnages, il y a, au sein de Rosemary's Baby, quelque chose qui arrive à littéralement nous fasciner.


En effet, les personnages en question ont tous, sans exception, quelque chose de bizarre, d'étrange, dans leurs actes, dans leurs comportements et même dans leurs paroles. On sent que quelque chose ne tourne pas rond au sein de cet immeuble, mais on ne saurait dire quoi. Peut-être l'indiscrétion, l'hypocrisie ou encore les déstabilisantes scènes oniriques, omniprésentes dans l'oeuvre. La seconde partie, quant à elle, monte progressivement en tension. Les explications fusent et se bousculent mais le spectateur reste toujours avec ces fameuses questions ; Qui croire ? Les doutes de Rosemary sont-ils justifiés ou ne s'agit-il là que de pure paranoïa ? Car, en effet, même si le film flirte souvent avec le fantastique, aucune explication ne reste totalement invraisemblable face au contexte très réaliste et aux thèmes du film. Au final, étrange, malsain, dramatique et psychologique sont quelques mots pouvant parfaitement convenir à Rosemary's Baby. Une oeuvre profonde et complexe qui restera marquée en nous au fer rouge.


Date à marquer d’une pierre blanche dans l'histoire du thriller, Rosemary’s Mary a appris aux réalisateurs du genre que le thriller, voire l' horreur, n’avait pas forcément besoin d’être canalisés par la présence à l’écran de créatures fantastique, mais que de rendre tangible le trouble psychologique ressenti par le personnage principal peut être bien plus dérangeant, voir même angoissant. La maitrise avec laquelle Roman Polanski a su installer une atmosphère de paranoïa dans ce huis-clos filmé sans avoir recours à quelques effets spéciaux que ce soit, démontre sa virtuosité de metteur en scène ainsi que le regard amère qu’il pouvait porter sur cette société américaine que l’individualisme a poussé à une perte de confiance envers son entourage le plus proche. C’est en effet avec des effets de caméras classiques mais utilisés avec génie (courtes focales, effets de profondeur, gros plans et hors-champs) que le fait de partager le point de vue de Rosemary, qu’interprété à la perfection Mia Farrow, devient aussi stressant. Ce premier film américain de Polanski aura également révolutionné le cinéma horrifique grâce à son scénario astucieux qui laisse constamment planer le doute sur la réalité du spectacle, sur le fait de savoir si l’on est en pleine hallucination cauchemardesque ou s’il s’agit bel et bien d’une cabale menée par de véritables sorciers satanistes, des figures fantastiques qui –elles aussi- deviendront plus fréquentes dans les années 70, et prouvant une nouvelle fois à quel point Rosemary’s Baby pouvait être en avance sur son temps.


Après avoir déjà prouvé un incroyable talent, Roman Polanski, après "Repulsion" et "Le Couteau dans l'eau", part à la conquête de l’Amérique avec une collaboration avec Robert Evans et William Castle qui ont acquis les droits pour une adaptation du roman de Ira Levrin "Rosemary's Baby". La jolie, fragile et solitaire Rosemary Woodhouse et son mari, ambitieux comédien, viennent de déménager dans un superbe immeuble new yorkais. Rosemary tombe enceinte, mais la grossesse est difficile car il ce trouve que la pauvre femme n'a pas des voisins ni un mari tout à fait comme les autres, elle se prend à des cauchemars, des hallucinations, une tendance paranoïaque.


Aussi diabolique soit il, "Rosemary's Baby" propose également une trame féminine et une satire du mariage, la trahison de l’être qu'on pensait aimer, le mariage de Rosemary n'est qu'un piège, une pharse, conçu pour lui voler sa vie et celle de son enfant, la jeune femme se voit sombrer dans la folie, sacrifiée pour satisfaire un petit groupe sataniste, des conspirateurs de la société détruisant l'indépendance d'une femme pour sauver cette anti utopie à huis clos. Polanski prouve son immense habilité à traiter des sujets qui mettent mal à l'aise, une histoire éprouvante, déroutante qu'il met en scène comme si tout semblait normal. Le sexe, l'amour, l'Antéchrist, il aborde tout d'une façon magistrale, habile comme jamais, sans imposer d'artifices mais avec un rythme soutenu, précis aborder sous forme de critique sociale. Mia Farrow montre beaucoup d’ambiguïté, comme une énigme, elle donne à son personnage une allure d'avantage féminine avec sa coupe courte et sa sensibilité.


L'intrigue apparaît de plus en plus prenante, parfois même ludique, l'atmosphère sinistre que Polanski donne à Manhattan y est pour beaucoup. L'intrigue conduit finalement le film à une apogée joliment sentimentale et terrifiante, notamment ce fabuleux final ou Rosemary, la vie volée, se met à bercer doucement son enfant... ... Effrayant.


Sur ce, je vous laisse méditer dessus. Portez vous bien. Continuez à regarder des films. Tcho. @ +.

ClementLeroy
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le 19 août 2015

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San  Bardamu

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