• Manila, où es-tu ? Ça me fait tout drôle de ne plus avoir ma crasse pour me tenir compagnie.

  • Mais moi je suis là.

  • Alors, quand est-ce qu'on commence ?

  • Eh bien nous commencerons quand tu m'auras épousé.

  • Moi, t'épouser.

  • Tu refuses . Dans ce cas, ça te coûtera 10 dollars.

  • Quoi, 10 dollars!

  • Hum hum.

  • Disons 9 dollars.

  • Entendu, j'accepte de te faire un prix.

  • Alors déshabilles-toi.

  • Me déshabiller ? Ça te fera 2 dollars.

  • Et voilà.

  • Haha ! C'est la première fois que je rencontre une Indienne qui porte un corset. Et pourquoi tu en mets ?

  • Pour te demander 2 dollars de plus.

  • Avec toi je cours à ma ruine. Tu n'es pas une femme, mais une machine à sous. Est-ce qu'il faut payer pour avoir accès au reste ?

  • Naturellement, mais si tu n'as plus d'argent comment fait-on ?

  • La banque c'est moi alors je vais te montrer.



Le cinéaste Mario Bava est connu pour ses nombreux giallo et films d'horreur à succès, mais beaucoup moins pour ses westerns spaghetti, qui se sont tous avérés auprès de la critique assez catastrophique. Roy Colt et Winchester Jack sortie en 1970 est le troisième et dernier western du réalisateur, après Arizona Bill (1964) et Les dollars du Nebraska (1966). Roy Colt et Winchester Jack est un western atypique ayant la conduite technique d'un western spaghetti sérieux, qui finalement s'avère prendre la forme d'une parodie de Butch Cassidy et le Sundance Kid avec quelques clins d'œil aux films de Leone. Un film improbable du maestro italien de l'horreur qui s'essaye à une comédie visant quelques fois à côté, avec des blagues souvent osef, qui heureusement reste à moindre dose amusant. Cependant, Bava parodie efficacement la technicité des cadrages du western spaghetti : visages en sueur, grisonnants et graveleux, gros cadre sur les yeux, masculinité hyper virile et féminité sexualisée, offrant un contraste agréable et quelque peu loufoque du genre.


Le script met en place une chasse au trésor typique, plein de doubles croisements et d'alliances changeantes, trouvant une étincelle d'énergie et de suspense au cours des vingt dernières minutes, avec tout le monde essayant de déjouer tout le monde. Les nombreuses fusillades ainsi que le nombre de morts élevé parmi les personnages pour un western de comédie à de quoi étonner. L'action bat son plein et les bourre-pifs sont nombreux. Le rythme est décousu, surtout durant la première partie, laissant le temps de s'ennuyer quelques fois. Fâcheusement, la partition musicale de Piero Umiliani est anecdotique, ne parvenant nullement à galvaniser les séquences. Beaucoup de drôlerie échoue sans être pour autant affligeantes, juste qu'elles sont dans l'ensemble pas drôles. Seuls deux gags ont pleinement fonctionné sur moi, avec : la séquence du bain entre Roy Colt et Manila, ainsi que la scène se déroulant dans une maison de débauche, avec la fameuse silhouette d'une femme nue qui danse sur un écran de papier, devant lequel de nombreux hommes s'excitent alors qu'il s'agit d'un canular.


Le casting m'a conquis, c'est clairement grace à ceux-ci que j'ai tout du long conservé un intérêt pour ce film. Les belles gueules que sont Brett Halsey dans le rôle de Roy Colt et Charles Southwood dans celui de Jack Winchester, ajoute un humour supplémentaire via les tronches que tirent les comédiens selon les évènements et toujours à travers une attitude d'insouciance et d'impétuosités. L'actrice Marilu Tolo dans le rôle de Manila l'Amérindienne prostituée (qui tient plus du cosplay) est un délice particulièrement sexy et rusé à admirer. Manila est déterminée à se trouver un mari et à allier travail et plaisir en demandant de l'argent pour chaque service possible. Et des services, pour en faire, elle en fait un paquet! Elle est une énigme séduisante et contradictoire sachant jouer de son puissant érotisme pour avoir ce qu'elle veut. J'aime beaucoup la relation qu'elle entretient avec Roy et Jack. Teodoro Corra incarne l'antagoniste appelé "le Révérend", un hors-la-loi russe vêtu d'une toge Pastorale, continuellement entrain d'avoir froid. C'est un méchant amusant qui fonctionne efficacement avec l'ensemble de la distribution. Les mots "méchants" et "antagonistes" sont à mettre entre de gros guillemets, vu que tous les personnages sont des pourris arrivistes et attirés par l'appât du gain.


CONCLUSION :


Mario Bava le maestro de l'horreur italien présente avec Roy Colt et Winchester Jack un western spaghetti parodique assez terne dans son ensemble, parvenant à trouver un regain d'énergie à travers son casting amusant, ainsi que son final énergique. Ce n'est pas vraiment une réussite mais cela a au moins le mérite de ne pas verser dans le gras et le lourd. Mention spéciale au quatuor de comédiens vraiment amusant. Plus instable qu'amusant.


L'humour est une idiotie intelligente qui ici souffre un peu d'inintelligence.

B_Jérémy
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le 1 janv. 2021

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