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Running Man
6.2
Running Man

Film de Edgar Wright (2025)

On connaît Edgar Wright pour son sens du rythme, ses ruptures, ses comédies d’action qui avancent à cent à l’heure. Ici, il s’amuse beaucoup moins. Running Man ressemble à un film d’action très droit, presque trop sage, où l’on devine l’arc narratif dès les premières minutes. On suit un Glen Powell lessivé, trimballant son gamin malade de la grippe depuis plus d’une semaine, cherchant désespérément de quoi payer un traitement. Je sais que la facilité scénaristique fait sourire quand on connaît les chiffres de mortalité de la grippe, mais bref, admettons le postulat et avançons.


Je me suis dit assez vite qu’il fallait arrêter de réfléchir et attendre que le film se lance vraiment. Wright installe une mise en abyme un peu brutale, mais l’idée est là. Sauf que rien ne décolle. Le vrai problème vient sûrement du choix du sujet. Le réalisateur n’a jamais eu pour force la profondeur psychologique, alors le voir s’attaquer à un discours social très sérieux fait glisser le film vers quelque chose qu’il ne maîtrise pas vraiment. La fracture riches/pauvres, la mégacorporation toute puissante, les districts séparés par des checkpoints qui rappellent beaucoup Time Out… tout ça est posé, mais jamais incarné.


L’action est bien là, évidemment, avec quelques éclairs très reconnaissables de sa mise en scène. Il y a même un passage, la fameuse maison piégée au milieu de la forêt qui justifie presque à lui seul de rester dans la salle. Pendant cinq bonnes minutes, Wright retrouve son souffle, sa précision, son humour visuel, et on se rappelle pourquoi on l’aime. Mais ce moment isolé ne suffit pas à porter l’ensemble.


Running Man manque de chair. De nuance. Le propos est tellement appuyé qu’il finit par devenir pesant. Et comme souvent avec certains films, on espère toujours que les cinq dernières minutes viendront sauver les deux heures qui précèdent. Ici, non. La conclusion est maladroite, expédiée, presque bâclée, avec une morale qui tombe à côté.


En sortant de la salle, je ne savais même plus si le film aurait eu besoin de dix minutes de plus ou de trente de moins. Mais une chose est sûre, Wright avait matière à faire beaucoup mieux.

Galyen
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il y a 6 jours

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