S.O.S Fantômes du passé ! Entre nostalgie et nouveaux visages, ce film lutte pour réanimer une franchise emblématique mais fatiguée. Parmi un amoncèlement de médiocrité, quelques moments de grâce émergent.

Après avoir aspiré de l’ectoplasme dans l’Oklahoma, la famille Spengler s’est installée à New York dans l’ancienne caserne des ghostbusters, célèbres chasseurs de fantômes qui ont marqué la ville dans les années 80. Alors que leur activité n’est pas complètement appréciée par les autorités locales, nouvelles et anciennes générations de ghostbusters vont s’unir afin de lutter contre une menace qui a de quoi faire froid dans le dos.

Sortis il y a tout juste 40 ans, le premier S.O.S Fantômes a laissé une empreinte dans la pop culture, mais pas forcément pour de bonnes raisons de cinéma: sa chanson titre, sa distribution emblématique, ses effets spéciaux réussis, son logo distinctif, un ton assez fun… pour cacher un film finalement assez pauvre et bancal. Difficile donc d’étendre une franchise sur un matériau aussi superficiel. Cela s’est traduit par une succession d’échecs au cinéma : une suite laborieuse à la fin des années 80, un projet de troisième opus abandonné au début des années 2000, un reboot féminin en 2016 qui a sombré dans l’oubli et finalement, une chimère hybride, mi-suite mi-reboot, assemblée par Jason Reitman, le fils du réalisateur de l’original Ivan Reitman, annonçant littéralement la nature de la démarche avec son sous-titre « L’Héritage », sorti en 2021. Cet opus en est la suite directe.

Malgré le passif plutôt médiocre de la franchise, ce chapitre démarre sur des bases prometteuses, mêlant la poésie de Robert Frost et une aventure à la manière d’un album de Tintin. La présence de Gil Kenan à la réalisation est également un gage de belles promesses. L’artiste, provenant de l’animation, avait réussi un charmant hommage au genre fantastico-famillial typique des années 80 avec son Monster House.

Malheureusement, on déchante vite. Ce film n’est qu’une interminable mise en place pour réunir nouveaux et anciens chasseurs de fantômes autour d’un récit prétexte aussi générique que programmatique. Au menu, on y joue la carte de la nostalgie des années 80, on y déroule des dialogues ludiques et auto-référentiels dont on ignore s’ils tiennent plus du cynisme que du constat d’échec (un personnage est accusé de vendre son héritage générationnel pour seulement 50 dollars), et on accouche d’une énième ode à la famille comme le cinéma américain en raffole.

Si le film n’est pas complètement raté, c’est grâce à la sympathie qui se dégage autour des anciens personnages et comédiens (on retrouve entre autres Dan Aykroyd, Bill Murray, Annie Potts). Le renouveau incarné par la famille Spengler a en revanche bien du mal à séduire… à l’exception d’une jolie trouvaille, qui elle aussi sauve le film de l’ennui total : la relation entre Phoebe (McKenna Grace) et Melody (Emily Anyne Lind) le fantôme aux allumettes. Ces rare scènes, à la fois sobres et poétiques, apparaissent comme une bulle de grâce au milieu d’un spectacle calibré et fatigué. « Tu as besoin de trouver de nouvelles manières pour faire les choses que tu aimes » recommande Winston Zeddemore (Ernie Hudson) à Ray Stantz (Dan Aykroyd). On ne pourrait mieux conseiller les auteurs de la franchise Ghostbusters.


el_blasio
5
Écrit par

Créée

le 2 avr. 2024

Critique lue 12 fois

1 j'aime

el_blasio

Écrit par

Critique lue 12 fois

1

D'autres avis sur S.O.S. Fantômes - La Menace de glace

Du même critique

Don't Look Up - Déni cosmique
el_blasio
5

Don't Watch Up

Malgré un postulat malin et bien-vu, cette farce s’avère être finalement assommante et répétitive. Un casting prestigieux et beaucoup d’agitation pour pas grand-chose. Cela fait une vingtaine...

le 10 déc. 2021

74 j'aime

3

Operation Fortune - Ruse de guerre
el_blasio
5

Mission: low-cost

Quand le roi du film thriller fun et malin nous propose une relecture de Mission : Impossible, on se dit « pourquoi pas ? ». Après le visionnage on se demande « pourquoi ? »Opération Fortune : Ruse...

le 9 déc. 2022

12 j'aime

Bienvenue à Marwen
el_blasio
5

Zemeckis fait son film fétiche

Avec cette étrange histoire vraie d’un homme qui affronte ses traumas dans un monde imaginaire composé de figurines playmobiles, on espérait un retour en grâce de Robert Zemeckis. Après avoir réalisé...

le 4 janv. 2019

12 j'aime

2