Ce qui frappe le plus dans Ghostbusters : Frozen Empire, c’est l’impersonnalité de son imagerie et de son ton associée à une lenteur d’exécution peu commune dans le genre : soit un numérique lisse, exception faite de la créature initiale, qui rejoue la carte du fantastique à tendance horrifique sans que l’humour, sous perfusions Marvel, n’y trouve sa place. Viennent alors les interminables séquences d’exposition que doivent excuser des blagues convenues – elles ne cessent de manquer leur cible, en témoigne le silence gêné de la salle de cinéma – récitées par des acteurs dépourvus de personnalité véritable. L’emprunt règne en maître, qu’il soit inhérent à l’univers du fantôme blanc (produits dérivés, retour du casting original à peine sorti de l’EHPAD, chanson et créatures iconiques) ou aux récents blockbusters de l’écurie Columbia Pictures, notamment la nouvelle trilogie Spider-Man de Jon Watts.

L’absence de mise en scène rappelle que le réalisateur et son équipe répondent à un cahier-décharge publique, et qu’ils cochent les cases de la mixité culturelle et genrée… Sur ce point, la romance lesbienne constituait un semblant d’intérêt mais, hélas, n’advient que par l’esprit, non par le corps : la pudeur du film, que nous appellerons lâcheté, reconduit encore ce rejet contemporain des élans physiques et des passions au profit d’un amour intellectuel, comme l’atteste le jeu d’échecs autour duquel se retrouvent les deux adolescentes. Le lissage de l’image et du comique contient donc un lissage des mœurs. Serions-nous étonnés d’apprendre que c’est l’intelligence artificielle qui, depuis plusieurs années maintenant, a pris la tête du divertissement à grand spectacle ? Qu’il est loin, le « golden age » !

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le 12 avr. 2024

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