Encouragés par l’accueil critique (et lucratif, cela va sans dire) de A Quiet Place, John Krasinski et consorts transformèrent l’essai avec un second opus satisfaisant… et le présent Day One, étiqueté « spin-off », entérinant ainsi son statut de franchise. Michael Sarnoski propulsé au poste de réalisateur avec un seul film à son actif (quoique pas passé inaperçu s’agissant de Pig), nous pouvions craindre que l’univers des « death angels » ne cède aux sirènes de la commande opportune, privilégiant la quantité à la qualité.
Un soupçon conforté par la démarche de Day One, qui en tant que préquel entendait surfer sur l’immanquable curiosité d’un public raffolant des origines. Mais s’il place sa caméra à New-York, décorum des plus iconiques, le long-métrage tend à s’écarter rapidement du tableau d’ensemble au profit de ses rares personnages, eux qui viseront à survivre sans abandonner leurs peurs et désirs antérieurs à la « catastrophe ». La sympathique Samira imposera en ce sens un décalage constant avec la menace extra-terrestre, car en sursis à double titre : le prisme du cancer s’imposant à elle et nous, l’horreur sera constamment relativisée au point de faire primer l’intime plutôt que le grand frisson.
Les aficionados de l’épouvante pur jus seront d’ailleurs déçus par les prétentions de Day One, lui qui abusera de quelques sursauts commodes et de menues ficelles pour entretenir l’illusion du danger. Une impression largement confortée par la nonchalance de Frodo, lui qui taillera son bonhomme de chemin en inquiétant à loisir sa maîtresse… mais sans davantage être lui-même inquiété, comme si le totem d’immunité habituellement réservé à tel ou tel archétype se faisait félin en les circonstances. Mais là n’est qu’un détail parmi d’autres qui soulignent l’apport minimal de ce préquel à A Quiet Place, car en manque évident d’envergure et de surprise.
Néanmoins, il faut bien convenir que son appétence pour l’intimiste demeure louable, le développement rapide mais bien exécuté de Samira compensant un suspense piteux. L’arrivée à mi-parcours d’Eric, jeune étudiant paumé et enclin à la panique, ajoutera de l’eau au moulin « humain » de Day One, lequel saura se montrer touchant à défaut d’être grisant, ses séquences d’accalmie l’emportant nettement sur celles invoquant les envahisseurs. Il va donc sans dire que le film doit en grande partie son salut aux excellentes prestations de Lupita Nyong’o, monstre de charisme sobre, et l’étoile montante Joseph Quinn, décidément attachant et prometteur.
Bref, un troisième opus qui se laisse voir sans déplaisir, mais qui échouera à faire date (toute proportion gardée) comme l’aura fait son aîné.