Aussi sûr que les « Death Angels » ont l’ouïe fine, les têtes pensantes de A Quiet Place auront eu le nez fin : auréolé d’un succès critique indéniable, le coup de maître de John Krasinski aura de surcroît cartonné au box-office. La mise en chantier d’une suite n’aura ainsi pas tardé, et la reconduction de ce dernier aux manettes n’augurait que du bon : même si, invariablement, le spectre de la suite pas à la hauteur pouvait subsister.


Au bout du compte, si A Quiet Place Part II n’égale pas son aîné, gageons qu’il s’en sort avec les honneurs : respectueux du matériau d’origine, toujours aussi malin et donc, surtout, cohérent comme efficace dans son développement d’un univers nous enjoignant à l’explorer. Car si le premier opus se cantonnait exclusivement au microcosme de la famille Abbott, le présent film rompt avec le schéma supra-intimiste dès son introduction : certes dans les pas de Lee, Evelyn et leurs enfants, ce flashback s’avère diablement réussi, car généreux comme parcimonieux dans ce qu’il révèle et captivant en termes de mise en scène (l’ombre des raptors plane).


Puis retour au temps présent : le long-métrage reprend dans le sillage du précédent avec fluidité, cassant le ton vengeur préalablement instauré au moyen d’un exode contraint. C’est ainsi que, avec simplicité, A Quiet Place Part II ouvre de nouveaux horizons : l’introduction d’Emmett en deux temps tombe sous le sens comme elle convainc, Cillian Murphy incarnant avec brio un homme résigné aux antipodes de Lee. Le rôle va toutefois muer par la suite pour répondre aux besoins des péripéties d’usage, mais le prévisible s’adjoint une exécution parfaite.


Au risque de friser la redondance, il faut convenir que la recette dont use le film a quelque chose d’éculé : le déjà-vu rôde à mesure que la fraîcheur du concept ne s’érode, cependant le récit s’en sort à merveille en jouant sur deux, voire trois tableaux. En réalité, Marcus cristallise la seule et véritable ombre au tableau en décidant, contre toute attente, de visiter la fonderie : tant pis pour le nourrisson démuni, tant pis pour le souhait de maman, tant pis pour la frousse maladive du fiston... et tant pis pour l’erreur hautement prévisible y succédant, déclencheur d’une jolie pagaille.


Malgré tout, le charme opère encore une fois : la tension se veut contagieuse et la variété des « imprévus » assure un divertissement captivant d’un bout à l’autre. Les mésaventures de Reagan sont particulièrement efficientes, à commencer par cet « affrontement » en train tournant à son désavantage malgré ses propres avantages, preuve en est que rien n’est facile. La suite sera dans une même veine, la séquence du port étant à ce titre l’un des clous du spectacle, rythme, mise en scène et timing jouant de concert au profit d’une résolution endiablée.


À l’image de l’usage final d’une radio salvatrice, sorte de fusil de Tchekhov astucieux comme deux, A Quiet Place Part II ne manque pas d’idées pour faire perdurer un plaisir ô combien précieux : de l’épouvante douce au jouissif amer, il n’y a qu’un pas en l’exergue. Reste une pléiade de menus défauts et ficelles disgracieuses, certainement plus que dans le volet originel d’ailleurs... mais nous passons bien volontiers outre ce constat, d’autant que nous ne dirions pas non à un troisième volet.

NiERONiMO
7
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le 9 juil. 2022

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NiERONiMO

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