« It's time to start our game. » JOHN KRAMER

Après la mort du producteur historique des deux premiers volets, Gregg Hoffman, le trio composé de James Wan, Leigh Whannell et Darren Lynn Bousman, qui avait d’abord refusé l’offre des studios pour la production d’une suite, se réunissent et décident de faire un troisième chapitre en son honneur. Evidemment, aujourd'hui on sait qu'il y a eu des suites, mais à sa sortie, le film était prévu pour être le dernier chapitre, il devait clore la trilogie.

SAW III sort en 2006 et se fera frapper par une interdiction au moins de 18 ans lors de sa sortie en salle. C'est très rare qu'un film (hors pornographique) soit interdit aux mineurs.

Le scénario est à nouveau divisé en deux parties, ce qui est jusque là la marque de fabrique de la franchise. Dans le premier épisode il y avait la salle de bains et l’enquête policière, dans le second il y avait la maison piégée et l'interrogatoire du tueur au puzzle. Ici, il y a la tentative de soin pour Jigsaw et l'histoire de Jeff, un homme qui fait le deuil de son fils écrasé par un chauffeur ivre.

Le tueur au puzzle se voit, ici, comme une figure divine qui punit ceux ne profitant pas de la vie quand la sienne risque de disparaître d’un moment à l’autre. Le corps est donc un moyen de torture permettant de faire comprendre l’aspect futile et fragile de notre existence.

Pour plonger dans l’aspect purement idéologique, ce troisième volet est intéressant pour les liens que l’on peut établir avec la religion. D’abord, avec la mort d’un personnage dans une position presque christique, assassiné par une fausse figure divine. Ensuite, l’histoire que va suivre Jeff est un exemple encore plus flagrant. Il va traverser un véritable chemin de croix, opportunité que lui offre le tueur au puzzle de pardonner ou bien de punir ceux qu’il juge responsables de sa perte. C’est donc un cadeau divin qui lui est donné : en effet, pour beaucoup, qui est le véritable juge de l’Homme si ce n’est Dieu lui-même ? Il va au final mettre en question l’entité divine qu’est le tueur au puzzle, ce qui lui vaudra une sentence irrévocable, tout comme celle de l’apprenti qui a trahi ce même tueur.

Pour revenir aux mécanismes des pièces, ils interrogent également la soif de son public pour la violence. Celle-ci commence ainsi dans une forme d’explosion d’hémoglobine avant de revenir vers quelque chose de plus tangible physiquement. C’est ainsi que l’opération de John Kramer se voit aidée par des plans quasi cliniques renforçant la crédibilité de l’action, tout en dégoûtant plus les spectateurs que par n’importe quel éviscération facile. Ici, on peut même se mettre en lien avec le personnage principal pour son envie de vengeance meurtrière, au vu du drame qu’il a vécu. Il y a donc un rapport plus humain qui est créé et permet quelques interrogations morales sur la justice que chacun veut se faire après avoir vécu un événement dramatique. Est-ce parce que l’on nous offre l’opportunité de nous venger de manière physique que l’on peut réellement le faire moralement ? Doit-on répondre à la violence par la violence ? En faisant cela, on risque de rentrer dans un cycle sans fin et provoquer plus de dégâts qu’en essayant de se guérir soi-même de son deuil.

On va donc suivre ce fameux Jeff incarné par Angus Macfadyen un peu morose qui ne sera jamais mis en danger. Il va juste décider de qui devra survivre parmi les personnes qui sont impliqués dans l’accident mortel de son fils. Il devra apprendre à pardonner pour le test final qui rejoindra l’intrigue dans le bloc opératoire.

Tobin Bell, Shawnee Smith et Bahar Soomekh livrent dans leur acte une belle partition qui va nous raconter plus en détail la relation entre le tueur au puzzle et sa disciple Amanda Young. On peut presque y voir une relation père / fille incestueuse que Lynn Denlon va mettre en danger.

De très loin, on retrouvera des têtes bien connues de la franchise : les inspecteurs interprétés par Dina Meyer qu’on a vu dans SAW et SAW II, ainsi que Lyriq Bent qu’on a vu dans SAW II, ils sont rejoint par l’inspecteur Mark Hoffman (le nom est sûrement un clin d’œil au producteur décédé Gregg Hoffman) incarné par le reconnaissable Costas Mandylor.

Charlie Clouser revient lui aussi à la composition de la bande-son. Il va nous livrer une partition semblable à ses compositions précédentes, mais toujours plaisante.

Au final, SAW III se voulait un peu comme la fin d’une trilogie, mais on sait déjà que ce ne sera pas le cas. Détenant le record du plus gros box-office mondial de la franchise et avec des pièges de plus en plus gore et élaborés, SAW III reste quand même un bon divertissement. Et bien sur les producteurs ne veulent pas s'arrêter là, ils annoncent le week-end de la sortie du film un quatrième opus.

StevenBen
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le 16 oct. 2023

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Steven Benard

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