Il y a les remakes et ceux qui le font bien

Scarface est l'un des rares remakes à surpasser l'original, chose que Brian De Palma réussit à faire avec l'aide du puissant scénariste-réalisateur Oliver Stone. Grâce à une réalisation hors pair, transposant avec merveille le film de gangster des années 30 dans les années 80, le metteur en scène instaure à son film un univers sanglant et impitoyable composé de personnages excentriques, de soleil écrasant, de musique disco et d'une décadence insoutenable...


Porté par une pléiade d'acteurs ici impressionnants délivrant alors chacun un véritable rôle de composition, Scarface nous entraîne dans le Miami des années 80, une ville d'immigrés où la cocaïne est dans toutes les narines et où les meurtres les plus sanglants se font en pleine rue, aux yeux de tout le monde. Habité par son personnage dérangé du bulbe, Al Pacino, malgré son cabotinage incessant, tient le film entier sur ses épaules avec brio, devenant une caricature excentrique de baron de la drogue porto-ricain à l'accent prononcé et aux manières machistes assumées.


À ses côtés, les jeunes et brillants Steven Bauer, Michelle Pfeiffer et Mary Elizabeth Mastrantonio, le toujours aussi imposant F. Murray Abraham ainsi que les atypiques Robert Loggia, Paul Shenar ou encore Mark Margolis, campant alors des gangsters sans pitié se dévorant les uns les autres pour conserver leurs statuts. Reprenant fidèlement l'histoire originale de Howard Hawks (elle-même tirée d'un roman d'Armitage Trail), Oliver Stone nous livre un scénario en béton.


Nous passons ainsi de la prohibition d'alcool au trafic de drogue monstrueux, Stone s'attardant également sur les relations entre les personnages, appuyant par la même occasion le statut de son héros, cet être désincarné étant la parfaite représentation du loser gourmand, paranoïaque et solitaire, un homme seul, rongé par son égoïsme et sa soif de pouvoir.


Le film montre donc progressivement et durant presque 3h l'ascension et la déchéance d'un seul homme, un homme qui voulait vivre lui aussi le rêve américain. Les décors et la musique, kitch à souhait, font partie intégrantes du film, tout comme ces scènes cultes qui marquent à jamais les esprits (celle de la tronçonneuse ou encore le siège final sont de grands moments de cinéma). Scarface version 1983 est donc un film indéniablement culte qui traverse le temps avec une lenteur majestueuse.

MalevolentReviews
8

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le 14 avr. 2019

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