Dwelling in the Fuchun Mountains est absolument magnifique.
Le jeune réalisateur Gu Xiaogang décrit la société chinoise, accueillie bras ouverts par le libéralisme, et les réformes politiques diverses.


Il s'agit d'un film profondément triste. Cet immeuble implanté au sein de la forêt constitue l'obstacle même pour trouver la paix, la stabilité. La famille ne repose plus que sur la recherche du matériel, le frère qui dépend de l'autre car il est endetté, la belle-fille qui pense à l'héritage de sa belle-mère. De la même manière, le mariage constitue à lui seul la source des préoccupations les plus diverses, parce qu'il ne faut pas l'enfant soit marié à une personne ne pouvant lui assurer une situation stable.


Ainsi, Dwelling in the Fuchun Mountains est un film sur le manque même d'une société : la sincérité et l'authenticité des relations entre êtres humains. Gu Xiaogang choisit de faire durer les séquences où le jeune couple se promène dans cette forêt, mais encore lorsqu'il ne s'agit plus que de se dépêcher d'embarquer sur le ferry pour prendre le voile. Prendre le voile, pour se rappeler du passé de cette ville, de ces montagnes, et de ces mêmes citoyens qui ont vécu avant eux. Ces séquences paraissent comme un soulagement, alors que la pression sociétale, et la rupture progressive des liens familiaux ne finisse de parachever le quotidien monotone de ces quatre frères.


Alors au contraire, il semblerait qu'il y ait un espoir à l'image du frère élevant son fils, se dédiant à lui pleinement même endetté, il ne cessera jamais de le regarder avec amour. La seule chose lui manquant, l'argent et la stabilité, selon lui. Il restera également fidèle à sa mère, ne souhaitant pas de son argent, mais voulant lui faire plaisir. G.Xiaogang représente également la jeunesse comme bercée de rêves, mais effrayée à l'idée de décevoir leurs ainés. Ils nagent ainsi dans un fleuve stable certes, mais dont l'issue ne leur est pas accordée. Enfants uniques, ils n'ont pas le choix que de se soumettre aux choix des parents, ayant alors placé tous leurs espoirs en eux.


Le personnage de la grand-mère est alors l'essence du film. Alors que ses enfants pourraient penser qu'elle ne souhaiterait que de voir ses enfants et petits-enfants se marier, elle ne se préoccupe pas en réalité de cela ni de l'argent : mais simplement de retrouver les siens, de les voir heureux, et de partager quelque chose avec eux. Elle ira ainsi reprendre l'amoureux de sa petite fille, parce qu'elle ne lui souhaite que de vivre une relation sincère. Et non pas une relation fondée sur le matériel. Alors que la première attaque cardiaque sonne comme un cri de désespoir, la fin du film sonne comme le souhait de l'ascendant que sa famille vive en paix, que ses fils essayent de se comprendre l'un envers l'autre et s'aiment comme au premier jour où il se sont vus.


Cette séquence finale confirme l'entreprise du jeune réalisateur : réunis dans la forêt, écoutant le poème de leur mère et de la Mère Nature ; les personnages finissent par s'écouter, se prendre dans leurs bras, et accepter les décisions de leurs enfants. Observer la Nature, c'est ainsi se rappeler des choses passées, mais également se retrouver, apprécier les choses les plus simples. Autrement dit, c'est une manière de rester authentique.


A défaut d'être dans la meilleure des situations, sociale ou économique, il nous restera ainsi toujours la possibilité de rester authentique. Si tant est que l'on choisisse de prêter un peu d'attention à ce qui nous entoure, et à nos proches.


Critique rédigée en 2021.

William-Carlier
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le 30 oct. 2021

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