Un film très agréable mais pas assez renversant pour rester dans les annales.

Première chose à dire : enfin un Ridley Scott non raté. Le scenario est en effet bien maîtrisé, les acteurs très bien dirigés, les facilités de scénario très très légères et les personnages agissent de manière intelligente.

Cette adaptation de Robinson Crusoé en terrain spatiale est un film très satisfaisant qui tient en haleine malgré son léger ventre mou et ses 2h30. Le personnage principal joué par Matt Damon, débonnaire et débrouillard malgré sa situation bien tragique, porte le film mais il est soutenu par un casting de choc qui apportent des dialogues et des intrigues sans lesquelles ces deux heures et demi paraîtraient bien longues. Cependant on regrettera que l'ensemble du cast soit assez aride dans la latitude des sentiments exprimés. Deux ou trois émotions par personnages et c'est tout. On regrettera notamment la performance de Kristen Wiig qui peut donner tellement plus de choses. Pour Matt Damon c'est encore plus dommageable car il nous manque complètement la détresse psychologique qu'on attendrait d'un homme abandonné sur une planète déserte. A la décharge du réalisateur cependant il est vrai que Damon n'a jamais montré une très grande capacité à exprimer ce genre de détresse.
Autre point fort c'est la justesse scientifiques des problèmes et solutions apportées. Il est possible en cherchant dans les détails obscurs de trouver des écarts par rapport à la réalité mais ce serait pinailler. Certes ce point n'est vraiment important que pour le spectateur avec un minimum de connaissances scientifiques mais il existe et il en ressort content !

On passe donc un très bon moment devant ce film mais il lui manque un élément important qui fera qu'on l'oubliera face à des Gravity, Interstellar ou Sunshine : l'inventivité visuelle propre à émerveiller. En effet ce qui pèche dans ce film c'est Mars. Ce que Ridley Scott nous montre est malheureusement sans imagination et surtout sans relief, sans grandeur propre à nous faire rêver d'espace et de voyages intersidéraux. Tout occupé à sa survie notre héro passe la majorité de son temps dans les installations de la Nasa et oublie de s'émerveiller sur les paysages qui l'entourent. Quand on finit par les voir une certaine monotonie s'empare de nous tant tout se ressemble. Évidement sur Mars tout est rouge mais ici le filtre est trop fort et écrase les contrastes du relief. On retrouve cet émerveillement de l'espace dans les scènes du vaisseau parti sans notre héro mais elles sont hélas trop rares.

En conclusion : ouf ce Ridley Scott n'est pas raté, mais quand on se souvient d'Alien ou de Gladiator, on se demande si l'auguste réalisateur peut encore nous faire réver, nous faire peur, nous faire pleurer. Bref nous prendre aux tripes.