Un film qui ne brille pas par son intelligence...

1980 voit le Royaume-Uni reconnaitre l'indépendance du Zimbabwe et le sommet du G7 à Venise, la reprise de la guerre civile au Tchad, le coup d’État militaire du sergent Samuel Doe au Libéria, l'exode de Mariel (125 000 cubains, considérés comme contre-révolutionnaires par le pouvoir castriste, reçoivent l’asile politique aux États-Unis) et l’ouragan Allen ravager les Caraïbes. Cette première année de la décennie 80 pleure également la perte de John Lennon suite à son assassinat ainsi que celle de l’archevêque de San Salvador, Óscar Romero tué par l'armée, le décès de Jean-Paul Sartre et celui d'Alfred Hitchcock.



Sur le plan cinématographique, la Boum de Claude Pinoteau sort dans les salles ainsi que Popeye de Robert Altman avec Robin Williams et E.T. l'extra-terrestre de Spielberg. Dustin Hoffman et Sally Field sont choisis meilleurs acteur et actrice pour leur participation aux films Kramer vs. Kramer et Norma Rae lors de la cérémonie des Oscars pour 1979 et L'Empire contre-attaque de Irvin Kershner sort au cinéma. Après Orange Mécanique (1971) et Barry Lyndon (1975), Stanley Kubrick sévira une nouvelle fois avec la réalisation de son 14ème film, Shining, adaptation libre du roman de Stephen King, Shining, l'enfant lumière (1977).



S'agissant d'adaptations de livres au cinéma, je suis toujours un peu réticent : trop souvent, ces adaptations sont libres, trop peu s'avèrent fidèles à l'oeuvre originelle, symptômes récurrents du manque d'inspiration de réalisateurs qui, plutôt que de réellement créer, préfèrent par faignantise, piocher dans des oeuvres déjà existantes. Concernant les adaptations qui cherchent à coller au plus près de l'oeuvre initiale, je loue l'effort et une certaine volonté de respect. Je suis beaucoup moins enclin à l'indulgence quand il est question d'adaptations libres fussent-elles de réalisateurs mondialement connus et reconnus et surtout quand elles émanent de réalisateurs connus.



Kubrick n'échappe pas à cette règle dans la réalisation de Shining, film au demeurant assez commun dans son déroulement et somme toute peu créatif dans la direction de ses acteurs. Si Jack Nicholson qui aurait éventuellement pu me scotcher dans son interprétation, joue correctement son rôle, je trouve qu'il cabotine quelque peu (beaucoup ?) et me laisse finalement indifférent dans son jeu. Idem pour Shelley Duvall qui joue comme une clé à mollette (en même temps vu le rôle de potiche qu'on lui attribue, elle pouvait, à sa décharge, difficilement faire mieux). Quant au gosse, au mieux, il prête à rire. N'évoquons même pas les dialogues qui ne tiennent pas debout et ne reposent sur rien (le doublage français n'aide pas). Ceux-ci s'avèrent assez étranges et peu inspirés, ce qui est assez déroutant quand on connait ceux du livre beaucoup plus intéressants et apportant un éclairage plus cohérent sur les événements de l'histoire.



Malheureusement, le travelling de la scène avec le gamin sur son tricycle est la seule chose que je retiens de tout ce film qui me laisse assez perplexe. Même l'ambiance que j'espérais trouver m'a laissé de marbre quand elle n'avait pas tendance à m'agacer par certains bruitages stridents. Côté horreur, je suis également resté sur ma faim. Quant à l'adaptation elle-même, les libertés scénaristiques prises restent déconcertantes et n'apportent rien de neuf à la réalisation de Kubrick, pire, certains passages de l'oeuvre de King sont littéralement occultés comme l'évolution du personnage de Jack Torrance et son alcoolisme, idem en ce qui concerne la psychologie de son épouse qui aurait jeté une lumière toute différente sur le caractère du personnage incarné par Shelley Duvall qui se trouve relayé en second rôle inconsistant.



Quant à Danny, son don de précognition passe à la trappe et est réduit à d'obscures manifestations à peine compréhensibles. Enfin l'histoire de l'hôtel Overlook est purement et simplement supprimée et l'hôtel ne servira que de décor. Bref, tout ce qui donnait une ambiance et une réelle profondeur à l'histoire de Stephen King est jeté aux oubliettes sans qu'il y ait un réel profit sur le plan cinématograhique. Vous m'excuserez si je n'applaudis pas cette production de Mr Kubrick et si je ne révère pas son talent au visionnage de ce qu'il a fait de l'oeuvre de King. Quand on sait que celui-ci n'a pas voulu voir son nom crédité dans le générique, on comprend aisément pourquoi ...

Elvangar
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le 18 oct. 2025

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