Thriller psychologique et très noir, « Shutter Island » de Martin Scorsese est un film plastiquement superbe, mais parfois très maladroit dans sa forme, alors que le fond quant à lui se révèle passionnant.
Dès les premiers instants quelque chose frappe énormément, c'est l'absence de tout repère qui pourrait laisser penser que l'on est dans un film de Scorsese. La caméra est très aérienne, l'ambiance visuelle est poisseuse et la musique sonne fort. Tout peut porter à croire que l'on ne retrouvera pas ici l'onirisme Scorsesien, et pourtant certaines scènes viennent prouver le contraire. Notamment celles qui concernent les rêve de Teddy.
Le film est agréable à regarder, trop agréable peut-être, tout semble très calculé. Ce qui vient poser problème, c'est l'intention du réalisateur qui nous pousse une piste précise, alors que le film propose plusieurs degrés de lecture. Ce choix de développement vient lourder le film d'une trop grande prévisibilité, et il est dommage de deviner la grande partie de l'énigme au bout de quarante minutes.
Évidemment c'est un concept qui se justifie par la suite, car le film n'explore pas qu'une piste, mais bien trois. En revanche il se centre trop sur la première, la plus évidente, et c'est ici que le gros point noir du film réside. C'est d'ailleurs le seul, mais il est de taille, car l'ensemble autrement fonctionne très bien.
Dicaprio est tout à fait juste et convaincant, Mark Ruffalo signe aussi une très bonne prestation. Ben Kingsley est délicieusement glaçant, et Michelle Williams est rayonnante de froideur. L'ambiance est impeccable, la photographie est belle, la musique est un peu lourde mais colle finalement plutôt bien. Non vraiment ce « Shutter Island » avait tout pour être un excellent film, c'est dans son développement trop maladroit qu'il se pénalise.
Pas toujours très fin, mais véritablement passionnante et ambitieux, « Shutter Island » comporte un point noir de taille qui le pénalise grandement. Marty je t'adore et je te pardonne, mais que cela ne se reproduise plus !