Sur le plan de la mise en scène — visuelle et sonore —, c'est difficile de ne pas s'incliner devant autant de virtuosité esthétique. Il suffit de voir les séquences d'introduction lors de la rave-party dans le désert, avec ces danseurs plus ou moins défoncés, en transe, imitant le même mouvement, le tout sur fond de techno collant parfaitement à l'ensemble (d'ailleurs, musicalement, ça déchire du début jusqu'à la fin du film !). En plus, où le réalisateur Oliver Laxe est allé chercher des comédiens aussi réellement crédibles en punks à chien ? Franchement, on y croit rien qu'à les voir. Ah oui, parmi ce beau monde, Sergi López prouve encore une fois qu'il a juste à apparaître à l'écran pour imposer son charisme de gros malade (par contre : quand il s'agit de jouer la détresse, la tristesse, je n'ai pas trouvé le casting terrible !).
Sinon, cela n'est pas sans rappeler Mad Max: Fury Road, mais aussi dans la seconde partie, Le Salaire de la peur, avec un moment de tension ultra-efficace — il faut le reconnaître — lors duquel on a envie que les quelques mètres à pied franchis par des personnages s'achèvent le plus rapidement possible, d'une manière ou d'une autre — celles et ceux qui ont vu le long-métrage comprendront à quoi je fais référence.
Reste que, contrairement à la majorité très élogieuse — eh oui, je vais faire mon rabat-joie, n'aimant rien, qui va essayer sans succès de gâcher la fête —, je ne suis pas fan de l'écriture scénaristique.
Déjà — alors, oui, je sais que l'intrigue se déroule sur fond d'une vague Troisième Guerre mondiale —, quel père de famille un minimum sensé, conflit ou pas conflit, irait emmener son gosse dans un lieu aussi dangereux que le désert marocain (on ne parle pas d'excursion touristique avec un guide professionnel, on est d'accord !) au lieu de l'envoyer dans un endroit bien plus sûr pendant que lui part à la recherche de sa fille. Franchement, cela m'a fait tiquer pas mal.
Et pour ce qui est de choquer brutalement le spectateur, ça aurait pu attendre la scène des mines.
Ensuite, tout en sachant que c'est un film d'atmosphère, sensoriel, ce n'est pas une raison pour ne pas creuser un peu plus l'individualité de chacun des personnages. Je serais incapable de donner la moindre description psychologique des raveurs. Parfois, ils m'ont plus donné l'impression d'être un simple tas de silhouettes qu'autre chose.
Et pour conclure, j'avoue que les fins qui laissent sur leur faim, à force d'être utilisées et réutilisées jusqu'à en devenir un poncif, ont de plus en plus tendance à sérieusement me gonfler. J'y vois plus de la paresse scénaristique qu'un quelconque objectif de profondeur artistique.