Je n'ai qu'une envie, être au 10 septembre et retourner voir "Sirāt" dans une salle qui envoie du lourd au niveau du son, qui me permettra une meilleure immersion à ce niveau que celle connue dans la majestueuse, mais trop limitée quand il s'agit de régaler les cages à miel, grande salle de La Rochelle.
Passé ce point important à signaler j'ai vécu un moment forcément rare quand on est comme moi un vieux monsieur qui va parfois au cinoche, j'ai vu quelque chose que je n'avais jamais vu, des plans ont fait résonner en moi des croyances que je croyais révolues, j'ai été électrisé, choqué, et j'ai senti un millier de personnes frissonner à l'unisson. Il est forcément frustrant de parler de cette dinguerie, de ce pont transcendant censé mener de l'enfer au paradis, aujourd'hui car ce serait criminel d'en dire plus, de révéler l'origine des émotions multiples qu'elle procure. Je suis reconnaissant envers ceux que j'ai croisé depuis Cannes et qui se sont contentés de me dire « C'est l'histoire d'une rave party dans le désert » et je vais donc en faire de même, vous laisser avec ce résumé pas faux mais pas vrai non plus. Car "Sirāt" est tellement plus que ça, une déclaration d'amour à un cinéma qui n'existe plus mais en version 2.0, qui justifie l'existence des salles et l'expression souvent galvaudée d'expérience collective.
Un petit mot pour le christique Oliver Laxe, que je n'avais pas vu de mes yeux vu au moment de la sortie de l'excellent "Viendra le feu" : « C'est un peu honteux d'avoir autant de talent et d'être aussi beau, il faudrait peut-être en laisser aux autres. Vos personnages marchent dans le sable, si ça continue ainsi un jour vous, vous marcherez sur l'eau. Ah oui je voulais aussi vous dire qu'un certain jury a raté une sacrée occasion de palmer un immense geste de cinéma. Mais pas certain que Juliette Binoche considère "Mad Max" ou "Sorcerer" comme suffisamment nobles. »