Oeuvre d'Art intégrale Sombre est un premier film littéralement subjuguant, plastiquement radical et résolument immersif. Philippe Grandrieux nous promène d'un bout à l'autre sur les routes hexagonales, accompagné de sa chef opératrice Sabine Lancelin et de son acteur fétiche Marc Barbé, narrant avec brillance la balade scabreuse de Jean, marionnettiste itinérant avide de proies féminines et de voyeurisme... jusqu'à sa rencontre avec Claire ( Elina Löwensohn, frêle et sublime ) jeune femme vierge, insaisissable et pour le moins secrète avec laquelle il partagera son chemin...


Sombre peut être à juste titre considéré comme un authentique monument de cinéma expérimental, Grandrieux prouvant constamment sa remarquable capacité à (re)chercher la forme, sous toutes ses formes : lumière floutée, sous-exposée, diversité des valeurs de plan, effets de scintillement, stroboscopies, jeux sur le mouvement et la pénombre, bande-son particulièrement soignée mêlée de nappes vrombissantes et d'effets concrets... Sublimant chaque corps, chaque figure et chaque élément du cadre le réalisateur filme avec la grâce des plus grands, transformant cette somptueuse ébauche en un bloc cinématographique d'une beauté resplendissante.


Entre le faciès irrégulier doué d'aspérités de Marc Barbé, les sources lumineuses quasiment invisibles, les miroitements à la surface d'un lac ou encore la composition musicale détonante d'Alan Vega ce bien-nommé Sombre témoigne d'une rigueur et d'une précision artistique inespérées, trop rare pour ne pas être saluées in fine. Un chef d'oeuvre.

stebbins
10
Écrit par

Créée

le 8 sept. 2018

Critique lue 447 fois

6 j'aime

stebbins

Écrit par

Critique lue 447 fois

6

D'autres avis sur Sombre

Sombre
Velvetman
9

Sombre

A l’aube, je dessine les traits frivoles de ton geste Qui s'échappe au contour brumeux de ta vie funeste ; Cette obscurité se tait ; se tasse; dévisage mon ennui Pour mieux me nuire. Pour mettre fin...

le 28 déc. 2014

27 j'aime

3

Sombre
toma_uberwenig
8

...dans une ténébreuse et profonde unité...

Une salle de spectacle, pleine d'enfants dans l'ombre, qui regardent semble-t-il un spectacle de Guignol, surexcités et amusés. Un bruit blanc, sourd, étouffant se met à sourdre, l'image s'assombrit...

le 15 nov. 2014

10 j'aime

Sombre
stebbins
10

Noirceur virginale

Oeuvre d'Art intégrale Sombre est un premier film littéralement subjuguant, plastiquement radical et résolument immersif. Philippe Grandrieux nous promène d'un bout à l'autre sur les routes...

le 8 sept. 2018

6 j'aime

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

42 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

26 j'aime

5