Une des plus grandes qualités comiques est la gestion du silence.
Un des aspects les plus glaçants à la suite d’un fait d’agression est le silence commun.
Alors, le silence, c’est peut-être ça qu’il manquait à cette comédie sur le viol.
Car aborder ce sujet sous un ton continu de second degré (je trouve qu’il s’agit plus de second degré que d’ironie) n’est peut-être pas la meilleure idée, du moins n’est peut-être pas la plus efficace, pour relater ce genre d’ignominie ( "relater" et non pas "exprimer", car l’expression de traumatismes est propre à chacun, j’en ai bien conscience).
Je ne dis pas que le tire-larmes et la dramaturgie démesurée sont nécessaires, mais une gestion plus froide des réactions aurait sûrement servi le propos. Malheureusement, nous avons ici les représentants de différentes instances (médicale, juridique, scolaire) qui sont fortement stéréotypés. Leurs commentaires et expressions faciales nous irritent, mais elles sont tellement poussées qu’on frôle la niaiserie. Résultat : on se dit que ce sont des cas à part dans leur domaine. Or, le médecin procédurier sans une once d’empathie, le corps administratif qui fait tout pour se dédouaner des responsabilités ou l’instance juridique qui ferme les yeux sur tout ce qui n’a pas été éminemment prouvé sont des cas si fréquents.
Je pourrais dire que le film ne m’a pas pris aux tripes, mais ce serait faux. En même temps, il est généralement compliqué de ne pas être bouleversé par des récits de la sorte. D’un autre côté, l'effet comique m’est totalement passé au-dessus, et ce parce que je ne supporte absolument pas l’humour satisfecit : ces dialogues soi-disant absurdes qui laissent un temps d’attente entre chaque phrase pour faire comprendre au spectateur que c’est là qu’il faut rire, et s’il n’a toujours pas compris, on lui met un personnage avec une grimace gênante.
5,5/10 donc, que j’arrondis à 5 car apparaît une autre irritation propre au cinéma et au divertissement américain, que je citerai sans développement (je me le réserve pour un prochain A24 qui sait) : le fléau des changements de plans.