I Know What You Did Last Summer, Jennifer Kaytin Robinson, U.S.A, 2025, 111 min

« I Know What You Did Last Summer » ou « Souviens-Toi… L’Été Dernier », oui c’est exactement le même titre que le premier, est un film étatsunien de 2025, réalisé par Jennifer Kaytin Robinson, cinéaste plus habituée aux comédies teenage indé, mais aussi co-scénariste de « Thor Love and Thunder » pour Marvel. L’heure est ainsi venue pour « Souviens-Toi… l’Été Dernier » d’avoir sa legacy sequel, qui oublie totalement les événements du trois (heureusement) pour servir de suite directe aux deux premiers volets de 1997 et 1998. Tout ça arrive un petit peu tard, et la franchise à quand même la réputation de n’être pas terrible, et bien ce nouveau volet parvient l’exploit d’être dans la même lignée.


Quelque part, le métrage de Jennifer Kaytin Robinson s’avère particulièrement fidèle à l’univers « Souviens-Toi… L’Été Dernier », jusque dans les défauts qui ont fait des précédents films des Slasher un peu nazes, sympathiques pour le un et le deux, mais naze quand même. Déjà, tout commence très mal, lorsqu’a lieu le fameux accident qui va justifier le massacre à venir. Cette fois, personne ne fait rien de mal, les protagonistes sont sur le bord de la route, à regarder le feu d’artifice du 4 juillet, quand une voiture arrive à fond. Pour les éviter, elle effectue une embardée, tape une barrière et tombe de la falaise, l’accident bête. Et là, tout le monde over-réagit, comme s’ils avaient perpétré un acte absolument horrible, or, ils n’ont rien fait de bien grave, c’est juste… un accident bête.


Bon, cette séquence soulève beaucoup de problèmes, et ce n’est que le début. Déjà, le spot choisi par les protagonistes est très con, ils se posent dans le virage en épingle du premier film, dont on apprend plus tard que c’est un endroit particulièrement dangereux. Cette fois, les personnages ne sont pas des lycéens, ce sont des adultes, pas loin des trente ans, donc leur attitude ne colle pas. Et, durant tout le métrage, il y a ce décalage, entre des archétypes qui correspondent à des adolescents, mais appliqués à des adultes, et ça ne fonctionne pas très bien.


Une fois n’est pas coutume, le récit reprend aussi ce principe du tueur qui tue un peu tout le monde, avant de s’en prendre vraiment à celles et ceux qu’il juge responsables de l’accident. Accident durant lequel je le rappelle, personne n’a rien fait de mal. Une fois de plus, les motivations du meurtrieur sont un brin légères. Si son plan est vaguement mieux échafaudé que dans les précédents volets, et que, pour une fois, il varie davantage les objets pour assassiner ses victimes, basiquement, ça reste le mec en ciré avec son crochet. Il est filmé de manière très iconique, et il est vrai que le personnage fonctionne toujours, en archétype bien élaboré du boogeyman impressionnant.


Legacy sequel oblige, le film marque également le retour des survivants du un et du deux, et même une petite surprise en plus. Une legacy sequel donc, c’est le nouveau concept qui pullule dans le cinéma d’horreur actuel. Le but est de tenter de relancer des franchises, en faisant appel aux personnages originaux, vieillit, qui continuent d’avoir affaire à leur bourreau des décennies après leur première rencontre. Le principe repose énormément sur la nostalgie, afin de rappeler comment c’était bien avant, et ça se vautre souvent dans du « Je n’ai rien de plus à dire » et les films recopient la recette sans plus. C’est un peu le cas de ce quatrième « Souviens-Toi… L’Été Dernier », qui n’apporte rien de plus, et ne comporte même pas de petit message un tant soit peu intéressant sur notre société, comme pouvaient le faire les deux premiers.


Alors, il y a certes un message féministe qui englobe le projet, ne serait-ce qu’au niveau de la création, avec une réalisatrice scénariste, une directrice de la photographie, une monteuse, une compositrice, etc., etc., qui nous dit quelque chose sur l’évolution de l’industrie cinématographique hollywoodienne. Depuis plusieurs années, et ça à très certainement commencé aux alentours de #metoo en 2017, la place des femmes s’est grandement démocratisée. Il y a de plus en plus de réalisatrices à qui sont confiés des projets d’ampleur, ce qui apporte de nouveaux regards sur la production et l’approche de certains genres, dont l’Horreur. Et en effet, dans ce « Souviens-Toi… L’Été Dernier », il y a quelques blagues et références, qui n’étaient pas présentes avant.


Habituellement dans le Slasher, sauf à de très rares occasions, les femmes sont mises en scène par des hommes, et évidemment on n’évite pas quelques clichés, souvent des conventions inhérentes au cinéma d’exploitation, qui ne rendent pas spécialement honneur à la gent féminine. De fait, même si « Souviens-Toi… L’Été Dernier » ne comporte pas de message particulièrement direct, dans la manière dont est tourné le scénario, et quelques détails ici et là, il se démarque légèrement de ses prédécesseurs. L’ensemble reste assez lisse, mais il y a ce petit plus, qui nous présente les héroïnes de Slasher sous un nouveau jour, qui se révèle gagnant.


Le film est également un petit peu plus bourrin que les autres. Si ce n’est pas spécialement gore, il y a des séquences horrifiques qui fonctionnent bien, et des images plutôt saisissantes. On décèle derrière le métrage une envie généralisée de bien faire. Bien faire un Slasher, mais aussi bien faire un film d’Horreur, ou encore bien faire un film, tout simplement. Si, malheureusement, les personnages sont bien trop stéréotypés pour exister véritablement, il reste assez amusant de les voir réagir aux événements. Surtout, le scénario essaye de tordre le cou à certains clichés, sans y parvenir totalement, faisant preuve d’une certaine maladresse dans l’écriture. Mais l’envie est perceptible par un humour latent, qui brise ici et là quelques clichés utilisés comme ressorts.

Le problème majeur du film, c’est qu’il est bloqué dans un cadre beaucoup trop rigide, avec un besoin de faire à tout prix rentrer le scénario dans une construction des plus attendue. Assez rapidement, une partie du twist est éventé, et en plus, même avec les soupçons qui se concrétisent, il est un petit peu décevant. La fin du métrage tourne ainsi à la facilité, parce que, justement, il n’arrive jamais à réussir totalement ce qu’il entreprend. C’est-à-dire mettre un coup de frais dans la franchise, et s’imposer comme un Slasher qu’on a envie de voir et de revoir. C’est bien trop convenu, mais ça a tout de même le mérite d’être divertissant.


L’exercice de la legacy sequel n’est pas spécialement le plus simple, car il faut parvenir à trouver un équilibre entre la nostalgie et l’originalité. Ici, il y a même une séquence où Julie James, qui est jouée par Jennifer Love Hewitt, tient tout un discours sur le fait que la nostalgie c’est surfait, bla bla bla, et, en même temps, tout le film est basé là-dessus. Clairement, si on omet le trois, qui est à mettre à part, il n’y a que la nostalgie qui pouvait faire revenir « Souviens-Toi… L’Été Dernier » et tout ce beau monde. Le retour de cet univers au cinéma, en 2025, ce n’est pas dû à la qualité, ni au succès relatif des deux premiers films. Ainsi, il est marrant de voir ce quatrième volet débarquer, et être tout aussi naze dans sa structure, donc particulièrement fidèle à son modèle d’origine.


« Souviens-Toi… L’Été Dernier » quatrième du nom s’inscrit alors comme un énième Slasher, ni vraiment mauvais, mais pas spécialement bon non plus. En revanche, c’est l’assurance d’un divertissement sympa, ça dépayse, quelques séquences sont réellement bien senties, et, quelque part, il tient toutes ses promesses, c’est bel et bien un « Souviens-Toi… L’Été Dernier ». Mais le fait qu’ils aient réussit à retrouver l’ambiance et reproduire ce qui rendait les deux premiers films nazes mais sympathiques, me fascine. Un peu comme là où « Scream », le cinquième, qui porte donc le même titre que le premier, ouais c’est chiant, parvenait à recouvrer un semblant d’atmosphère de l’original par Wes Craven, ce qui fait que le métrage fonctionne un peu d’ailleurs.


Ce n’est par conséquent pas exceptionnel, une fois de plus, mais il n’y avait rien à attendre, donc ce n’est pas vraiment une déception. Jennifer Kaytin Robinson propose une mise en scène plutôt pas mal, comme lors de l’introduction, qui reprend quasiment plan pour plan l’ouverture du premier film. Elle n’abuse pas des jump scare, il y en a, et de très débile, mais elle ne se repose pas là-dessus. Il y a une brutalité plus crue de la part du tueur, qui fait plaisir à voir, car enfin, le personnage se révèle un peu plus iconique au-delà de taper la pose avec son crochet. Et le film regorge d’un certain humour assez bienvenu, qui parfois s’avère très con, et désamorce la tension, mais puisque, de toute façon, le film n’a pas l’air de se prendre trop au sérieux…


Le pari est réussi, « Souviens-Toi… L’Été Dernier » ressemble bien à « Souviens-Toi… L’Été Dernier », et s’en fait donc le digne héritier. Une suite semble être déjà d’actualité, ça va sans doute dépendre des résultats de celui-là, mais pourquoi pas ? Ce n’est peut-être pas ce qu’il se fait de mieux, mais le potentiel divertissement est quand même bien présent. À voir, donc, ce que peut nous réserver une nouvelle entrée dans cet univers, si c’est toujours Jennifer Kaytin Robinson aux commandes, et qu’elle peut étoffer ce qu’elle a commencé à mettre en place ici, ça pourrait valoir le détour. De toute façon, cette franchise aurait tout autant gagné à rester là où elle appartient, c’est-à-dire les années 1990, mais, puisqu’ils l’ont ressorti de la nostalgie, pourquoi ne pas exploiter le filon. Ce sera assurément la promesse d’un film naze, mais sympathique, à l’image de la franchise.


-Stork._

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le 18 juil. 2025

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