Sovereign est le premier long-métrage de Christian Swegal. Le film prend place en 2010 et raconte l’histoire vraie de Joe (Jacob Tremblay) et de son père, Jerry (Nick Offerman). Ce dernier est membre des Sovereign Citizens, un mouvement anti-gouvernement, refusant systématiquement d’être en “contrat” avec le gouvernement sous toutes ses formes.
Le film se veut comme un coming-of-age se plaçant du point de vue du fils scolarisé à domicile et qui rejoint son père lors de ses séminaires où il prêche sa parole (lire théorie du complot). Contrairement à ce que le spectateur français peut s’attendre, le public des séminaires ne sont pas des personnages violents et profondément haineux. Ces personnes viennent de différents horizons avec des situations compliquées et se sentent abandonnés par le gouvernement. L’endoctrinement est bien représenté par la rhétorique de Jerry. Bien que ses arguments ne soient pas toujours compréhensibles et assez approfondis pour la durée du film, le spectateur ressent son charisme et comment la pensée peut prendre le chemin de l’extrême. Le point fort du film est évidemment la prestation de Nick Offerman, qu’on connaît dans un registre plus comique, mais qui dans Sovereign est glaçant.
Autre thème, cette parentalité dictée par le masculinisme et la virilité. Le film met non seulement en scène Jerry et Joe, mais aussi un chef de police (Dennis Quaid) et son fils aussi policier. Les deux figures paternelles sont rigides dans leur manière de se comporter avec leur fils, on remarque notamment un manque de compassion de leur part.
Le réalisateur n’essaie pas d’orienter les émotions du public mais plutôt de montrer les raisons qui ont amené à un événement tragique. Il invite les spectateurs à se concentrer sur l’humain plutôt que sur le thème politique du film. Le personnage du père est particulièrement bien travaillé avec sa paranoïa, son influence et son insécurité.
Pour autant, je ne me suis pas attachée aux personnages. Le comportement du fils manque un peu de profondeur. Il est docile, obéit à tout ce que son père lui dit de faire, mais il semble un peu déconnecté de la doctrine, il connaît tous les arguments anti-gouvernement mais ne semble pas vraiment en être affecté car il rappelle souvent à son père de payer les factures ou de l’inscrire à l’école. Cette évolution du personnage de Joe devient alors assez incohérente avec certains choix qu'il fait à la fin du film.
Le film, en lui-même, n’est pas particulièrement long ; toutefois, sa conclusion s’étire. Chaque fois que l’on s’imagine parvenir au terme du récit, une nouvelle scène vient encore prolonger le dénouement et appuyer sur le message central du film : la paternité.