Space Runaway Ideon: Be Invoked
7.9
Space Runaway Ideon: Be Invoked

Long-métrage d'animation de Yoshiyuki Tomino (1982)

Attaquons directement le vif du sujet sans tourner autour du pot (et sans spoilers). Si vous êtes amenés a venir cliquer sur cette critique c'est principalement pour savoir si ce film vaut le coup d’œil. Si il mérite qu'on lui consacre deux heures de sa vie déjà bien chargée voir même s'il vaut amplement la réputation de chef d’œuvre que lui attribuent certains.


Pour être bref et à mon humble avis, c'est vrai pour le premier point et un peu moins pour le second. Dans une certaine conception de la japanimation, le chef d’œuvre c'est avant tout cet animé qui excelle en terme d'animation et de technique graphique OU en terme d'univers, de cohérence narrative et de récit. Voir les deux à la fois. Le fameux Akira d'Otomo Katsushiro - qui avait techniquement 30 ans d'avance à sa sortie et toujours d'actualité à tous les niveaux - en est l'exemple le plus parfait.


Ce qui cloche avec Be Invoked c'est qu'il est très loin d'être une masterpiece en terme technique (en 1982 il y avait déjà le film Cobra qui prouvait que c'était possible) et niveau récit c'est pas non plus du Flaubert (malgré un très bon scénario).


Alors que reste-t-il à ce film pour en faire un incontournable ?


Et bien un propos audacieux ou Yoshiyuki Tomino offre sa vision nihiliste des passions humaines. L'originalité de ce film c'est qu'il réussit son but de dépeindre les errements contradictoire de la conscience collective à travers l’ambiguïté permanente de l'Ideon. L'avatar de cette fameuse conscience (plutôt qu'une soi-disante entité divine comme on peut l'entendre parfois) qui va tantôt agir comme une figure protectrice et bienveillante à l'encontre des protagonistes (en les sortant de situation les plus désespérées à plusieurs reprise). Tantôt comme un accélérateur de mort qui va précipiter tout ce bon monde à la catastrophe. On est pas trop sûr de ce que veut vraiment l'Ideon comme on est pas trop sûr de ce que souhaite vraiment l'Humanité. La guerre ou la paix ? Le métissage ou le racisme ? L'amour ou la haine de sa propre sœur ? Avoir une fille ou un fils ? etc... L’ambiguïté c'est vraiment le thème du film et c'est dans sa manière de la décrire et de la mettre en scène qu'il se démarque et qu'il peut s'inscrire comme une œuvre incontournable qui propose quelques chose de neuf et de pertinent malgré cette sensation de déjà-vu à mi-chemin entre Gundam79 (qu'il surpasse) et Macross84 (qu'il ne parvient pas a égaler).


Pourtant la partie la plus fine du récit, celle permettant à Tomino de gagner tout mon respect en démontant tout ses compères plus qu'il ne le fera jamais dans aucun Gundam, vient de son interprétation du combat intérieur propre à la psyché humaine (recopiée dans moult animé par la suite) : La fameuse lutte du "Ça" et du "Surmois" freudien caractérisé ici par l’ambiguïté de l'Idéon ( le moi ) vue plus haut et qui se matérialise par l'Idé (la conscience), cette énergie tant convoité dans l'animé. Une énergie qui plus elle sera soumise à l'inconscient pour tendre vers le "Ça" plus elle se révèlera dévastatrice. La mise en scène de cette lutte interne est pour ma part l'une des plus intelligente que j'aurais pu voir dans le monde l'entertainement japonais qu'il s'agisse d'animé de mangas ou de jeux vidéos en ce sens qu'elle nécessite une exigence intellectuelle pour être percée en faisant appel à l’acuité du spectateur et donc exclue le simple passif.


[Spoiler uniquement destiné à ceux ayant déjà vu le film les autres s'abstenir. Ce qui suit participe de la découverte du film ça serait très dommage de le découvrir ici ]


En résulte un Robot surpuissant pilotable uniquement par des enfants (pas encore totalement contaminé par le monde des grands) dont les capacités maximales ne sont atteintes que lorsque qu'un bébé s'y connecte (par l’inconscient) et dont l’énergie devient définitivement infinie au contact d'un nourrisson encore dans le ventre de sa mère... Les adultes eux - complètement submergé par leurs passions - se contentant d'observer.


Reste que j'ai personnellement trouvé ingénieuse l'idée d'inclure cette petite touche eschatologique pour conclure l'aventure. Ce tombait à point nommé pour renforcer l'objet et lui attribuer une connotation méta pas si lourdingue que çà contrairement à la majorité des animés japonais qui s'y prêtent souvent, singeant maladroitement un certain Evangelion - qui lui même s'inspire ouvertement de Be Invoked - en croyant naïvement qu'il suffit de foutre des croix géantes partout et de parler d'anges pour prétendre à une réécriture des évangiles...


Alors à la question : Dois-je regarder Space Runaway Ideon : Be Invoked si j'aime les animé ?
Je réponds oui (a condition de voir avant ou bien la série TV ou le film A Contact et ça c'est pas gagné).

Saint-Just
8
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le 2 août 2016

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Saint-Just

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