Amusant de revoir ce film après tant d'années à voir les merdes de la MCU.
C'est pas aussi bien que ce à quoi je m'attendais. Par contre, c'est clairement la meilleure origin story de tous les films de super héros. Sam Raimi fait passer un message par le personnage, il ne s'agit pas juste de construire un super héros et puis il exploite bien tout ça. Passé ces premières 40 minutes, l'ennui débarque un peu ; l'auteur a eu l'intelligence d'annoncer ce qui suit, mais ça reste trop timide : trop de personnages, trop de sous-intrigues, trop de dilemmes... c'est bien, on sent un côté 'tragédie' ambitieux qui n'est pas déplaisant et qui donne l'impression d'avoir une double lecture au film, l'une plus mature, mais au final, c'est si dense que rien n'est assez approfondi.
Ainsi, le côté action est assez pauvre. On a de chouettes séquences, mais on en a peu. Donc pour le côté fun, je me sens un peu frustré. Et si je suis agréablement surpris de voir la part belle faite à la psychologie du héros et à son intrigue amoureuse (ça change de tout ce qui se fera par la suite dans l'écurie Marvel), je suis kà aussi déçu : les personnages secondaires (tante May, Harry et son père) sont pauvrement exploités et même l'intrigue amoureuse ne va pas aussi loin qu'espéré (au final, les auteurs n'ont pas tant de temps que ça pour développer).
Les thèmes sont très nombreux aussi ; passé celui de l'adolescence (le sommet du film), on a droit à plein d'autres choses liées aux responsabilités, certes, mais tout de même différentes, ... du coup, tout paraît assez anecdotique : les résolutions aux problèmes posés sont souvent faciles. La fin rattrape un peu le coup, c'est carrément audacieux de terminer un tel produit d'une telle façon. De tout ce bazar, il en ressort forcément des problèmes de structure : des micro-scènes qu'on nous balance comme ça n'importe comment alors qu'elles ont de l'importance (comme les premières attaques officielles du bouffon qui me paraissent très importantes pour la suite mais qui ne durent que trop peu de temps et qui ne sont d'ailleurs que vaguement mentionnées par la suite).
La mise en scène est globalement plaisante, Sam Raimi propose une caméra très agile, qui circule avec fluidité un peu partout, sans pour autant tomber dans l'excès : le découpage est efficace, les points de vue sont choisis pour autre chose que leur dynamisme. Le montage est assez fluide et rythmé. Les scènes d'action fonctionnent globalement, quelques plans un peu brouillons, un découpage qui rappelle un peu trop, par moment, "Xena la guerrière", mais le ton le permet. Le plus dramatique reste l'utilisation de CGI qui, dans mes souvenirs, ne prenaient pas autant de place : ça reste correct par rapport à ce qui sort de nos jours, n'empêche que les apparitions en images de synthèse peinent à convaincre. Mais bon, comme l'action est prenante, on oublie un peu... Les acteurs font du bon boulot, tout le monde semble content d'être là et Willem Dafoe semble se régaler dans son interprétation (il avait la gueule idéale pour incarner ce méchant-là).
Petite digression : je suis surpris du côté féministe du film. À plusieurs reprises, les personnages rappellent que les femmes ne sont pas des objets, d'ailleurs le personnage de M-J est plutôt bien exploré et même si elle reste une Damsel in Distress, elle est intéressante. On peut aussi noter que Raimi ne filme pas les fesses en gros plans ni les décolletés, même lors de la scène du baiser à l'envers, malgré la pluie trempant de manière sexy Kirsten, c'est à peine si on voit ses tétons durcis par le froid.
Bref, c'est pas désagréable à regarder mais j'avoue que passé la construction du personnage principal, il ne m'est plus resté que l'une ou l'autre petite scène plaisante, le reste pouvant être plus vite oublié.