Mieux vaut tard que jamais, on va dire. 13 ans après avoir vu Spider-Man 2 en salles, je me décide enfin à plonger dans cet ultime hommage de Sam Raimi à "son" super-héros. Je ne vais malheureusement pas contredire tout le mal qui a été écrit au sujet de ce Spider-Man 3. Il y a même suffisamment de choses qui clochent dans ce film pour remplir aisément trois épisodes entiers du Nostalgia Critic.
Il serait vain d'en faire une bête énumération, ça serait trop long et je n'ai pas envie de tirer sur l'ambulance. Surtout que Spider-Man 3 n'est pas une purge, juste une oeuvre un peu bâtarde qui a échoué en prenant des risques, et mérite à ce titre un minimum d'indulgence. En transformant Peter Parker en connard imbuvable, Raimi adopte ainsi une rupture de ton assez radicale à mi-parcours, flirtant avec le burlesque décomplexé des comédies 80's. Une piste intéressante et amusante 5 minutes, mais foirée dans les grandes largeurs, Raimi venant rappeler ses lacunes criantes dès lors qu'il faut filmer l'humour.
Bien plus à l'aise quand il s'agit d'icôniser l'homme-araignée, le réalisateur nous concocte en revanche encore une fois des scènes d'actions démesurées, avec ces travellings aériens démentiels dont il a le secret et qui resteront l'une des principales marques de fabrique de la trilogie. Cela dit ce troisième opus n'atteint pas la qualité des morceaux de bravoure proposés par ses excellents prédécesseurs. Peut-être atteint-on ici les limites de ce que les spectateurs sont capables d'encaisser en matière d'action king size, avec des personnages qui prennent tellement de coups sans broncher que ça en devient drôle.
Les personnages, voilà d'ailleurs le principal grief que l'on peut retenir contre Spider-Man 3. Peter Parker n'attend pas d'être contaminé par le symbiote, il est con-con dès le début et perd tout le côté attachant qui le caractérisait dans les deux premiers volets. Raimi n'ayant sans doute pas voulu faire de jaloux, ce sont tous les personnages principaux qui pâtissent d'un traitement psychologique misérable digne d'une rédaction de CE2. Partant de ce constat, Spider-Man 3 était condamné à l'échec.
Une dernière raison de tempérer la faillite du film, tout de même : la fin. Raimi a eu les couilles de conclure sa trilogie par une note pudique et tendre, sans tambours ni trompettes ni envolées lyriques sur fond de drapeau américain. L'air de rien, c'est une petite révolution à laquelle peu de blockbusters se sont risqués. Preuve que derrière le grotesque et le ridicule réguliers du film, il y avait bel et bien un grand réalisateur et un vrai fan, si l'on en doutait encore. Ce qui rend ce plantage encore plus incompréhensible.