Il y a quelque chose de presque touchant dans le chaos de Spider-Man 3. On sent Sam Raimi tiraillé entre son amour sincère pour le héros de Stan Lee et les obligations d’un studio qui veut tout, tout de suite : plus de méchants, plus d’effets, plus de noirceur. Résultat : un film qui déborde de partout, comme un costume symbiotique mal ajusté.
On retrouve pourtant des éclats de ce qui faisait la magie des deux premiers volets : la sincérité des émotions, les envolées de Peter entre les buildings, cette manière unique qu’a Raimi de marier le soap, la comédie et l’horreur pulp. Mais cette fois, tout semble saturé, étouffé. L’humour devient gênant, la symbolique trop lourde, et le film finit par ressembler à une toile emmêlée, incapable de choisir quelle mouche attraper.
Et pourtant… difficile de détester Spider-Man 3. Sa maladresse est presque humaine. Derrière les grimaces de Peter Emo et les rivalités de méchants caricaturaux, il y a une mélancolie tenace, un désordre sincère qui raconte autant la chute d’un héros que celle d’un réalisateur sous pression. Un blockbuster schizophrène, frustrant, mais étrangement attachant, comme s’il essayait de nous dire que même les super-héros peuvent rater leur coup.