Ce film n'avait rien pour me séduire, sur le papier: un casting qui ne figure pas particulièrement en haut de ma liste, un thème pesant s'articulant autour de l'église, mais surtout une bande annonce pompeuse, qui augurait la bonne crise d'ennui.
J'ai du aller voir ce film malgré-moi et bien m'en a pris.
Parfois, il ne faut pas grand chose pour se laisser happer et qu'on le veuille ou non dans une histoire qui ne présentait à priori qu'un intérêt restreint. Dans Spotlight, cela s'appelle l'Art du montage...
Dans un état d'esprit pourtant dubitatif, presque contre mon gré, je m'assois donc dans une salle à moitié remplie. Mauvais timing, je n'ai eu d'autres choix que me coltiner une version doublée en français, tout semble se dresser contre le film. Et dieu, que les premières minutes font mal. Le doublage écrase complètement les bonnes intentions initiales. J'ai l'impression d'assister à un mauvais téléfilm sur France 3 depuis mon canapé, la goutte au nez.
Puis je renifle, je ravale ma fierté et petit-à-petit je commence à comprendre que j'aurai beau lutter, je ne pourrai pas ressortir de ce film avec un avis contraire à la "vox populi" sans mauvais jeu de mots. Diantre, que c'est bien foutu.
La dernière fois que je me suis fait violence pour m'arrêter sur un film qui s'annonçait d'un ennui sidéral, mais qui s'est révélé être une pépite, remonte à longtemps. Je crois qu'il s'agit d'El secreto de sus ojos, bêtement traduit "Dans ses yeux" en français. Aujourd'hui, ce film figure dans mon top 10, c'est dire l'estime que j'ai pour le travail de Thomas McCarthy sur Spotlight.
Le rythme génial imprimé grâce au montage balance complètement avec le fait que la mise en scène se traduit en un classicisme exacerbé. Champs, contre-champs, travelings, cadrage serrés, …, soit, mais que tout cela devient efficace lorsque l'enchaînement transforme une enquête de plusieurs mois en une course effrénée.
J'ai retenté l'expérience deux semaines après avec Room. Un peu naïf, j'ai cru que les heureuses surprises pouvaient se produire à la suite... J'aurai du m'en douter après Spotlight, difficile de croire aux miracles. Mais au génie, en revanche…
Je dis chapeau.