Depuis 1975 et le succès de l’album Born to Run, Bruce SPRINGSTEEN est en pleine ascension. Et après sa tournée triomphale de 1981 (aperçue au début du film), tout le monde attend ses prochains Hits. Sauf que le Boss est fatigué, voire dépressif, et qu’il aspire à autre chose (musicalement parlant).
C’est dans ce contexte que SPRINGSTEEN fait son entrée au cinéma (sous les traits de Jeremy Allen WHITE) avec Scott COOPER (Crazy Heart) derrière la caméra, à travers la période la plus aux antipodes de ce qui a fait de lui une rockstar : la conception et l’enregistrement de l’album Nebraska.
Ainsi, on est loin des biopics à la Bohemian Rhapsody ou Rocketman. Deliver Me From Nowhere se déroule sur quelques semaines (avec des flashbacks sur l’enfance du songwriter tout de même), et surtout le ton est mélancolique avec très peu de scènes ‘spectaculaires’ ; c’est presque un film existentiel en somme, tellement Nebraska (disque folk et intimiste) vient d’un profond mal-être de l’artiste.
Celui-ci est confronté à ses démons : les fantômes du passé et notamment les relations avec son père. En effet, malgré son statut, SPRINGSTEEN reste un être humain et c’est le côté universel de ce long-métrage. Comme le souligne le réalisateur :
C’est l’histoire d’un homme seul, à un tournant de sa vie (…) se posant les mêmes questions que nous quand nous sommes perdus (…) Pendant qu’il écrivait Nebraska, Bruce travaillait aussi sur Born in the U.S.A., qui deviendrait son plus gros succès. Et malgré cela, il choisit de faire un pas de côté et de montrer ses failles, sa vulnérabilité. C’est ce courage artistique que je voulais honorer.
Ainsi, le Boss va enregistrer son 6ème album seul, dans une chambre de Colts Neck, New Jersey, avec sa guitare et son harmonica, sur un magnétophone 4 pistes agrémenté d’un Echoplex qui donne ce son inimitable.
Le film n’est pas exempt de clichés, et la mélancolie qui prédomine le rend nettement moins excitant que d’autres biopics musicaux. Mais on n’a jamais vu SPRINGSTEEN comme ça, et surtout il met un coup de projecteur sur son album le moins commercial.
Malgré l’absence de promotion et de tournée, Nebraska se classera 3ème dans les charts…
Dans le même genre, j’ai quand même préféré le film sur Bob DYLAN sorti en début d’année.