Pour commencer, mettons les choses au point : ce film n'est pas un biopic musical, il est sur la genèse d'une oeuvre et la renaissance d'un homme.
En décidant de placer sa focale uniquement sur la création de l'album Nebraska ( et donc aussi de Born in the USA) et sur la période sombre de la vie de Springsteen, choix ô combien risqué et osé, Scott Cooper nous livre une oeuvre intimiste et surtout tellement ancrée dans la musicalité que sa vision en devient une expérience synestésique. L'amour de la musique rejoint celui du cinéma (La nuit du chasseur ou Badlands hantent une partie du film).
La fidelité à la création par Springstreen de son opus légendaire est telle que des frissons de plaisir sont à prévoir pour les afficionados du répertoire du Boss.
Il eût été tellement plus facile de faire un biopic classique à la narration linéaire dont les exemples récents sont pléthore ces dernières années, mais justement par sa singularité ce film offre une approche bien différente et franchement réussie.
La lumière et le cadrage créent une ambiance parfaitement raccord avec la musique. Quant à l'interprétation Jeremy Allen White est bluffant dans le rôle du Boss, sur scène, mais aussi -et peut être même surtout- dans les scènes où la dépression le tenaille, intenses et si vraies. Sa tenacité à vouloir sortir ses chansons brutes et à tracer ainsi le sillon (au propre comme au figuré) qu'il a choisi de suivre donne lieu à des scènes bouleversantes. Jeremy Strong en John Landau offre une nouvelle performance profonde et subtile, un manager attachant.
Un excellent film touchant, pudique, respectueux et marquant ... un hommage à la musique de Springsteen comme on le rêvait sans oser le croire possible.