le 11 nov. 2025
The making of ‘Nebraska’
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Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.
Dire que je n’attendais absolument rien de cet énième biopic de chanteur serait un doux euphémisme. Un parfait inconnu de James Mangold (2024) m’avait laissé totalement indifférent, et Better Man de Michael Gracey (2024) n’avait pas davantage éveillé ma curiosité.
Et pourtant, quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le dernier long-métrage musical de Scott Cooper, consacré à Bruce Springsteen, figure mythique du rock des années 80, que je connaissais à peine.
J’ai été littéralement conquis par Springsteen: Deliver Me From Nowhere, tant pour ses partis pris artistiques que pour ses choix narratifs audacieux.
Dès les premières minutes, Cooper s’affranchit des codes habituels du biopic musical des dernières années. Ici, pas de récit d’ascension ni de success story : Springsteen est déjà une star, déjà sur scène devant une foule en délire. Le film se concentre sur une période bien précise, celle où l’artiste passe du statut d’icône nationale à celui de légende, au moment de la sortie de Born in the U.S.A. Quand on y réfléchit, c'est assez osé : le spectateur n'a ni accès aux débuts de Springsteen ni à ses "réels" grands moments de gloire.
Ce qui frappe surtout, c’est que Cooper filme le processus artistique. Enfin un biopic qui s’intéresse à la conception même d’un album, à la genèse des morceaux, à la recherche de sons, d’émotions et de sens. On voit Springsteen écrire, composer et s'enregistrer. Mais surtout, on comprend pourquoi il le fait. C'est un film incarné.
Springsteen: Deliver Me From Nowhere est ponctué, tout du long, de nombreux flashbacks. Mais ceux-ci ne sont pas juste illustratifs. Ils donnent véritablement corps au récits, ils justifient, d'une certaine manière, la raison pour laquelle Springsteen écrit. Certes, le procédé reste classique, parfois démonstratif, mais il fonctionne : on ressent ce qui déchire cet homme au plus profond de lui.
Au fond, ce qui intéresse Scott Cooper, c’est moins la gloire de “The Boss” que sa fragilité. Le film explore la dépression de l’artiste, et cela dès le début, par un flashback inaugural en noir et blanc qui expose le traumatisme fondateur de son mal-être. À travers de longues séquences répétitives, ponctuées de silence, Cooper traduit l’enfermement intérieur de Springsteen, figure retranchée dans une maison excentrée, vivant en parfaite autarcie et complètement hantée par son passé et sa solitude.
Le climax du film survient lors de la séquence chez le psy. Courte et sobre, elle repose sur la justesse du jeu d'acteur de Jeremy Allen White, qui y livre une prestation déchirante, en fondant en larme face à la caméra. Tout le poids que portait le personnage durant l'entièreté du film s'écroule en un instant. Fondu au noir. Ellipse. Nous n'en verrons pas plus. Absolument brillant.
L’écriture des personnages secondaires est à souligner car elle est d’une justesse remarquable. Mention spéciale à Jon, incarné par l’excellent Jeremy Strong, dont la loyauté et la tendresse envers Springsteen force l'admiration et ont de quoi émouvoir. On regrettera seulement la romance un peu mièvre avec Faye, bien que la scène du manège, témoigne d’une belle inventivité de mise en scène. Il faut quand même la mentionner.
En définitive, Springsteen: Deliver Me From Nowhere parvient à tirer son épingle du jeu dans un genre devenu saturé. C’est un biopic incarné. Incarné par un acteur principal livrant une performance magistrale. Incarné par une mise en scène sensible rendant compte du processus de création d'un artiste vivant une maladie grave. Nous faisant passer des rires aux larmes, Cooper signe là un film émouvant mais surtout intelligent, jamais manipulateur à l'égard de son spectateur.
Après tout, n'est-ce pas exactement tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un biopic ?
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Créée
le 27 oct. 2025
Critique lue 13 fois
le 11 nov. 2025
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