Rebelote avec la troisième sortie annuel d’un film de l’ultra populaire et dominant de la pop culture Star Wars. Après une reprise plus proche du remake déguisé que du démarrage d’une vraie trilogie par J.J Abrams, et un tout premier spin-off Star Wars de qualité de Gareth Edwards qui a vu le jour dans la douleur avec la postproduction et les reshoots de Tony Gilroy, c’est Rian Johnson qui doit faire ses preuves avec le deuxième volet de la trilogie tout en rattrapant plusieurs trous laissé par Abrams à la fin du Réveil de la force.


Cela va faire 2 ans que Disney exploite la franchise sous le contrôle de Bob Iger le PDG actuel de la compagnie, et tout n’est pas rose pour les périodes à venir. Entre J.J Abrams revenant en catastrophe pour le dernier film de la trilogie, une autre déjà programmée d’avance sans aucune certitude ni idée concrète de la part des têtes pensantes et le spin-off de Han Solo qui a vu Phil Lord et Christopher Miller mis à la porte pour être remplacé par Ron Howard, on se retrouve à devoir attendre des œuvres hybride ou la vision de plusieurs personnes ont du mal à se rejoindre. Rian Johnson n’échappe pas non plus à des contretemps, la principale étant la triste mort de Carrie Fisher fin 2016 pour un film qui n’en avait pas besoin, ayant déjà la tâche de rattraper les trous laissés par le manque de contexte du Réveil de la force et de ne pas tomber à son tour dans la redite de la trilogie originale.


Heureusement, ce huitième opus réussit ce que l’épisode VII n’avait pas su faire : créer de véritables enjeux qui se ressentent par les spectateurs lors du visionnage. Coupant son intrigue en deux segments entre d’un côté la formation de Rey auprès d’un Luke Skywalker désabusé et résigné à se déconnecter de la force, de l’autre Poe Dameron et la Résistance pris en tenaille par le Premier Ordre se transformant alors en compte à rebours jusqu’à l’extinction de la dernière étincelle de résistance. Le film devient un compte à rebours à tension très rondement mené et au milieu duquel Kylo Ren et Rey se distinguent davantage par la connexion créé entre eux par la force et leurs origines, l’un n’étant ni un adepte complet du côté obscur mais ayant renoncé à la lumière et la seconde ne sachant pas ou se placer dans l’univers que ça soit par rapport à sa sensibilité à la force ou sa quête de nouvelle figure paternel en Luke. Antagoniste et héroïne toujours interprétés par d’excellent Adam Driver et Daisy Ridley.


Il est toujours regrettable de voir le contexte être aussi aisément comparable à celui de la trilogie originale (parce que si on avait ajouté une dimension politique avec la République, les fanboys auraient encore râler) surtout avec le découpage en deux sous-intrigues quasi semblable dans la forme à la formation de Luke par Yoda et la fuite du Faucon Millénium à travers l’espace, mais l’une des deux planètes crées pour ce film permet d’apporter une touche de réflexion et de nouveauté bienvenue à l’univers : Canto Bight la ville casino financé par la vente d’arme auprès du Premier Ordre servant donc de principale tremplin à la guerre déchirant cette galaxie en plus de financer des distractions mondaines ou des résistants comme Rose ont vécu avant de prendre les armes.


Il est d’ailleurs agréable de voir certaines nouvelles têtes de cet univers s’épaissir et prendre à leur tour leurs marques : Rose Tico la première mais aussi Poe Dameron vu non plus uniquement que comme le pilote le plus talentueux de la résistance mais aussi un forcenée ayant du mal à tenir en place, DJ le cryptographe opportuniste joué par Benicio Del Toro et BB8 dépassant définitivement le stade de simple astro-mécano comique, devenant une aide indispensable à nos héros.


Le maniement du contexte du film et les idées de Rian Johnson permettent de rattraper cette comparaison avec un traitement très variable vis-à-vis de L’empire contre-attaque. Il mène ses personnages vers une autre destinée et un parcours bien différent, il change la vision qu’avait le public vis-à-vis de Luke Skywalker


(en partie responsable de l’avènement de Kylo Ren au point de vouloir l'abattre sans tenter de le raisonner)


en poursuivant l’histoire de cette famille maudite et en explorant les origines de l’apprenti du suprême Leader Snoke, et parvient au final à créer de la dimension dramatique puissante et de la tension lors des scènes de batailles. Surtout celle de Crait la planète de sel et de chien cristaux


donnant une belle conclusion au héros de la première trilogie Star Wars


, et finissant sur une note plus critique que L’empire contre-attaque :


la Résistance quasiment isolée et réduite à un petit groupe et le Premier Ordre restant dominant et portée par un Kylo Ren qui semble condamné à sombrer dans le côté obscur car ayant perpétué la tradition des Siths en tuant son maître.


Avec toujours un très bon accompagnement de la musique symphonique de John Williams pour soutenir les batailles spatiales ou terrestre comme les scènes plus dramatiques et éloquent, mais qui pourtant m’a paru un peu moins inspiré et frais dans l’orchestration durant certaines séquences.


Bien sur ce rendu final n’est pas sans faille entre sa première demi-heure mal rythmé, certains dialogues plat ou un peu niais et des ficelles scénaristiques parfois difficile à accepter


(Leia encore en vie après l'explosion de la nacelle, et qui utilise la force dans un mouvement désespérée pour rejoindre le vaisseau de transport de la Résistance... désolé mais non, c'est trop gros à avaler même en sachant qu'elle est une Skywalker)


Mais Rian Johnson réussi là ou J.J Abrams s’était planté : apporter du neuf à l’univers de George Lucas sans le trahir tout en exploitant bien ses personnages et en utilisant le contexte correctement. J’y ai cru lorsque j’ai vu la Résistance être détruit petit à petit par le premier Ordre, j’y ai cru à chaque fois que je voyais Rey et Kylo Ren entrer en contact, j’y ai cru lorsque Mark Hamill était à l’écran et j’y ai cru dans son final. Il nous faut espérer pour que le second spin-off de la franchise Solo – A Star Wars Story parvienne lui aussi à nous apporter du neuf et quelque chose de mémorable en mai prochain malgré les problèmes de production et de divergence artistique rencontré sur ce projet.

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