J’ai rarement ressenti un tel agacement et une telle lassitude devant un film que devant Stuck : Instinct de survie. La promesse d’un thriller social inspiré d’un fait divers glaçant me laissait espérer au moins une tension efficace, une réflexion sur la morale ou la société moderne. Pourtant, dès les premières minutes, j’ai su que j’allais assister à tout ce que je déteste dans le cinéma de Stuart Gordon : paresse narrative, absence de finesse et spectacle creux.
L’histoire aurait pu être prenante, mais elle n’est qu’une suite de facilités et d’invraisemblances. Jamais je n’ai pu croire à la descente aux enfers de Tom, ce sans-abri miraculeusement résistant à ses blessures graves. Sa survie est traitée d’une telle manière que la tension disparaît, remplacée par une impression de grossièreté : tout semble factice, surjoué, comme dans un très mauvais téléfilm. Brandi, l’infirmière n’incarne rien d’autre qu’un cynisme caricatural, figé dans des réactions absurdes et incohérentes, quant aux autres protagonistes, ils n’apportent rien à l’intrigue tant leurs motivations et leurs personnalités sont vide. À aucun moment je n’ai ressenti la moindre émotion ni le moindre intérêt pour leur sort.
La réalisation m’a particulièrement insupporté : les décors sont laids et sans âme, la caméra tremble comme si le réalisateur hésitait sur chaque plan, la luminosité et l’ambiance ne provoquent rien. Au lieu de créer une atmosphère pesante ou anxiogène, le réalisateur enferme son public dans un garage terne et sans relief, où l’ennui dégouline plus vite que le sang du pauvre Tom. Les rares fulgurances de ce que Stuart Gordon pense être de l’humour noir sont tellement forcées et déplacées qu’elles cassent tout ce que le film aurait pu avoir d’intense ou d’ambigu.
Enfin, je n’ai jamais accroché à la « patte » de Stuart Gordon, qui me semble manquer cruellement de subtilité, de profondeur ou même de savoir-faire technique. Que ce soit dans Stuck, Re-Animator, Castle Freak ou Dolls, j’ai toujours retrouvé les mêmes tares : dialogues pauvres, intrigues lourdement caricaturales, effets racoleurs qui n’apportent qu’une agitation stérile. Je n’y vois aucun propos digne d’être retenu, aucune émotion authentique, aucune tension, simplement une suite de provocations creuses où la médiocrité le dispute à la maladresse.
Je suis sorti du visionnage de Stuck avec un profond ennui et le sentiment d’avoir perdu mon temps devant un film qui se croit transgressif mais qui n’a rien à dire, ni rien à montrer, sinon du vide. Pour moi, Stuart Gordon résume tout ce que je fuis : un cinéma d’horreur bas de gamme, sans intelligence, sans créativité, dont chaque nouvelle tentative ne fait que confirmer à quel point l’ensemble de son œuvre est, à mes yeux, affligeante.