Grave of the Children

Substitution est un film qu'il est possible d'appréhender d'une triple manière : comme un drame, un thriller psychologique, ou un film d'horreur.

S'agissant de sa dimension dramatique, on a ici une intrigue simple et efficace axée autour des thèmes finalement assez classiques du deuil et de la difficile (voire impossible ?) reconstruction après la perte d'un être cher, mais également des traumatismes de l'enfance et de l'adolescence. Appréhendé comme un thriller psychologique, Substitution réussit très bien à monter en puissance avec une tension allant toujours crescendo au fil de l'évolution des personnages (à cet égard, il faut saluer l'excellente performance de Sally Hawkins), ce qui est d'autant plus vrai que le film ne s'encombre pas de scènes inutiles et va résolument droit au but (ce qui peut être à double tranchant). La dimension horrifique de l'oeuvre en est peut être la plus limitée : même si le film comporte des scènes marquantes et très réussies (ceux qui auront vu le film sauront auxquelles je fais allusion), elle aurait probablement pu être accentuée en s'attardant sur certaines composantes de l'intrigue, en premier lieu son aspect mystique qui semble un tantinet sous-exploité, puisqu'on verra bien peu le rituel évoqué par le synopsis, les frères Philippou ayant fait le choix de disséminer les diverses composantes de celui-ci tout au long du film plutôt que montrer des grandes scènes d'occultisme au risque d'en casser le rythme (ce qui peut avoir le mérite d'éviter de basculer dans du Ari Aster).

Mais ne nous méprenons pas, Substitution est indéniablement une oeuvre sombre et dérangeante, très prenante, visuellement léchée, avec un acting de très grande qualité. Si l'on établit une comparaison avec le très honorable La Main, qui avait le mérite d'aborder la communication avec les morts d'une manière originale et audacieuse, avec son lot de scènes marquantes, lui ayant valu une réception plutôt positive, on sent qu'avec Substitution, on passe un cap et que l'ambiance est mise sur sa dimension glauque, poisseuse et lourde. Au vu des deux oeuvres qu'ils ont pu nous livrer jusqu'ici et de leur évolution, on devine un potentiel chez les frères Philippou qui laisse envisager la sortie d'une oeuvre prochaine avec beaucoup d'enthousiasme, voire d'impatience.