Devant tant d’éloges pour cette nouvelle horreur brandée A24, l’elevated horror semble promis à un bel avenir… et les cinéphiles à de belles arnaques !


Prenons l'une des scènes d'exposition.


Après la mort de leur père, Andy et Piper débarquent dans leur nouvelle maison d’accueil. De l'embrasure du salon surgit Sally Hawkins (Laura), grimée en psychologue un peu détrac’ qui s’empresse de souhaiter la bienvenue à ses nouveaux hôtes.


Très vite, le malaise s’installe (et c'est plutôt bien). Laura ignore Andy, concentrant toute son attention sur Piper, la plus jeune. Elle lui touche les mains, les épaules, la bombarde de questions (pour rappel, Piper est malvoyante), laissant Andy à l’arrière-plan.


— « Et si on prenait une photo ? » propose Laura, sortant son téléphone.

Moment de répit pour Andy, qui en profite pour serrer sa sœur contre lui.


Puis, dans un plan large presque iconique, on voit cette jolie petite famille recomposée, tout sourire… À un détail près : la tête d’Andy disparaît derrière celle de Laura. Dommage pour la photo (qui réapparaît en insert).


À ce stade, tout se passe plutôt bien. On ne révolutionne pas le cinéma mais l’ambiguïté est tenue.

Par exemple, le spectateur un peu habitué aux ficelles du genre commence à comprendre un peu ce qui se trame. Il ne peut s’empêcher de faire le lien avec un rituel maléfique. Laura appartient sans doute à un culte, Piper serait un réceptacle ou un truc du genre… Ce qui est sûr, c’est que Piper est en danger. Andy, lui, est un obstacle, un gêneur dont Laura aimerait bien se débarrasser.


On peut avancer.


Andy découvre qu’une des chambres appartenait à la fille de Laura. Il s’excuse en apprenant qu’elle est morte.

— « C’est pas grave », répond Laura, faussement polie.

Puis Piper demande franchement : « Comment elle est morte ? »

Andy sermonne sa sœur, mais Laura rayonne de joie. Elle n’aura pas le même traitement que son frère.


Là, ça commence à être répétitif. Le message est clair : Laura ne veut pas d’Andy dans sa maison. On l'avait déjà compris donc on peut avancer, frères Philippou !


Sauf que, prenant les spectateurs un peu pour des idiots, le duo de réalisateurs continue dans cette voie : Laura désigne le cagibis comme chambre d’Andy. Et, pour bien montrer son mépris, elle l’appelle « Anthony » et les réalisateurs multiplient comme ça sur plusieurs scènes les marques insistantes de condescendance de Laura pour bien faire sentir que "quelque chose ne tourne pas rond !!".


Et cet exemple cristallise tout le problème du film.

Je vois bien qu’ils veulent faire de la mise en scène, ces frères Philippou. Il y a quelques idées de plans intéressantes, des intentions par-ci par-là… Mais ça manque cruellement de finesse.


Ou plutôt, ils agissent de façon paradoxale, comme un monstre à deux têtes.

Ils veulent nous glisser des indices discrètement. Mais en même temps, ils les surlignent trois fois au stylo rouge.

Comme une miniature YouTube avec ses cercles rouges et ses flèches géantes, vous voyez ?

Et c’est là où, comble du drame, j’apprends que les frères Philippou sont deux anciens youtubeurs.

Est-il besoin d’en dire plus ?

Antlast1
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films A24 et Les meilleurs films de 2025

Créée

le 6 août 2025

Critique lue 29 fois

Antlast1

Écrit par

Critique lue 29 fois

D'autres avis sur Substitution - Bring Her Back

Substitution - Bring Her Back
Tex_AS
6

Effluves de Simetierre

Comme pour Talk to Me, formellement c'est de haute volée. L'imagerie est âpre et viscérale comme jamais. C'est du cinoche qui imprime la rétine. Après, faudrait vraiment que les fréros Philippou...

le 2 juin 2025

17 j'aime

2

Substitution - Bring Her Back
toma_uberwenig
9

Une nouvelle forme de non-dit.

Les principaux reproches lus çà et là étaient cousus de fil blanc : "moi j'avais deviné la fin avant le générique", "ça fait même pas peur" (ce qui reste quand même à bien pondérer), et autres...

le 7 juil. 2025

15 j'aime

6

Du même critique

Inazuma Eleven
Antlast1
10

Quand on est gamin, on aime n'importe quoi (... et alors ?)

Cette phrase, je la conçoit et je la respecte, et même, je la pense. Oui, Inazuma Eleven c'est du grand n'importe quoi: des techniques surréalistes avec tantôt du feu qui sort du pied du joueur,...

le 9 juil. 2017

16 j'aime

4

A Perfect Red Snapper Dish
Antlast1
8

Patience... Pas d'chance !

Spécialiste du mélange des genres, le cinéma coréen brille aujourd’hui par son réalisme frôlant l’excentricité. Auteur de trois longs métrages, Na Hong Jin a su s’imposer en peu de temps comme une...

le 9 juin 2021

3 j'aime