Sucker Punch, c'est évident, est avant tout un gros kiff cinématographique de Snyder. Comment appeler autrement un film d'action avec une grande majorité de filles, qui se passe dans divers dimensions largement anachroniques et fantastiques, avec au fond un scénario aussi léger que grave ?
Mais ce qui est étonnant, c'est que ce film, malgré cela, fonctionne. Visuellement réussi, aussi bien dans les univers bien rendus que dans les scènes d'action pas dégueus, il sait aussi surprendre en ne prenant pas trop le parti pris du cliché. On évite donc un curieux mélange entre Expandables et Lollipop Chainsaw.
Ce qui empèche cependant le film de plus que fonctionner (c'est à dire d'être vraiment excellent), c'est sa constante maladresse.
Les transitions danse-rêverie en sont un exemple idéal. Babydoll met trois plombes à commencer à danser, ce qui coupe un peu le film dans son élan, puis on rentre dans un univers qui torche en 5 secondes un douteux parrallèlisme à la réalité. Par exemple, quand elles doivent récupérer le couteau, c'est une bombe dans l'univers "rêve", qui a le nom de code "Couteau de Cuisine". (Bref, un peu ridicule). Dans la même scène, quand SPOIL*Rocket meurt*FIN DU SPOIL, on nous suggère par une poursuite du dialogue que toutes les filles sont "mentalement présentes" dans le rêve, alors qu'on nous avait appris plus tôt dans le film que la danse de Babydoll est une distraction et non pas une sorte de "portail" (ce qui est plus logique) De plus, les filles n'y croyaient pas au début et se contentaient de remplir leurs objectifs pendant que Babydoll occupait les gens.
La double métaphore est aussi hyper maladroite. Pour l'effet "Babydoll prétent que c'est un cabaret, alors c'est un cabaret", c'est réussi, mais en ce qui concerne le parrallèle avec le réel-même (l'orphelinat), on ne sait jamais à quoi ça correspond.
La fin du film tombe un moment à plat, mais les dernières secondes, après analyse, sont plutôt bien senties, avec une interprêtation intéressante.
Scénaristiquement, ça ne va donc pas plus loin qu'une ébauche d'univers qui aurait gagné à être traîné plus longtemps (une série télé ?), mais dans la globalité, l'ensemble du film, on passe plutôt un bon moment sans se dire que c'est un film scénaristiquement trop prétentieux ou qu'il est trop écervelé. Et l'important, c'est que l'on se retrouve dans cet équilibre.