Critique d’un réalisateur prometteur

Pour son deuxième long métrage, Spielberg s’inspire d’un fait divers où un couple de marginaux prend en otage un policier pour récupérer leur fils dont la garde leur a été enlevé.

Spielberg a la niaque et cela se ressent à l’écran. Après avoir fait d’un camion l’antagoniste de son premier long métrage, le réalisateur ne joue pas la facilité et s’enferme à nouveau dans l’habitacle d’un véhicule pour mettre en scène un road movie haletant et humain.  Le spectateur passe près d’1h50 dans une voiture de police à suivre Goldie Hawn et William Atherton en quête de leur enfant. Avec une réalisation maîtrisée, le réalisateur prouve au public qu’il est un talent à suivre (et il a eu raison de le faire).

Dans la suite de sa filmographie, Spielberg a montré qu’il aimait mettre en scène « les petits gens », c’est déjà le cas ici. Ce qui caractérise ces anti-héros c’est leur humanité sans faille malgré leurs mauvaises actions. On s’attache à ces gens qui agissent aussi bien par amour que par folie (la frontière entre les deux est parfois mince). Goldie Hawn dans un de ses premiers rôles marquants vole la vedette à ses partenaires masculin. Spielberg a rarement aussi bien soigné un personnage féminin. 

Cette œuvre, aux allures gentillettes, est un parfait exemple de deuxième film réussi où le réalisateur ne se repose pas sur les lauriers, et tente de montrer à l’image tout se dont il est capable. Il mélange avec brio l’intimiste et l’action. Le film est généreux et devient un plaisir pour le spectateur. On assiste ici aux prémisses de ce qui va faire la renommée et la grande carrière du réalisateur. 

SUGARLAND EXPRESS remporte le prix du scénario au Festival de Cannes en 1974. Les yeux sans doute plein d’étoiles, Spielberg ne pouvait probablement pas imaginer ce qui allait suivre un an plus tard avec la sortie de JAWS. Mais ceci est une autre histoire…