Auréolé de ses nombreux succès public, Spielberg est en recherche de reconnaissance par ses pairs, quoi de mieux pour ce faire qu’un drame historique à faire pleurer dans les chaumières. Après le second Indiana Jones, le réalisateur décide donc d’adapter le roman LA COULEUR POURPRE écrit par Alice Walker.
Paru en 1982, ce roman épistolaire retrace la vie mouvementée de Celie, une jeune afro américaine pauvre et sans éducation qui en prend plein la tronche pendant tout le récit.
Avec des thèmes tels que le racisme, l’inceste, les violences conjugales et sexuelles, le spectateur sort difficilement indemne de ces 2h30.
Avec un casting 4 étoiles on sent que le réalisateur prend du plaisir à diriger ces comédiens d’une grande justesse. A des années lumières du sergent Murtaugh, Danny Glover est glaçant dans ce rôle de monstre absolue, où sa seule présence à l’écran donne des frissons dans le dos. Whoopy Goldberg dans le rôle principal, loin des comédies qui feront d’elle une star, est bluffante et crédible dans de ce rôle de femme soumise en quête d’émancipation. Touchante, la comédienne nous attrape aux tripes. Les nombreuses scènes de violences physiques et psychologiques sur sa personne malmènent aussi bien le spectateur que le personnage.
Tout les éléments sont réunis pour être une réussite. Pourtant, Spielberg ne parvient jamais à faire décoller son sujet, comme si le sommet était trop haut pour lui. Il se repose sur son histoire et l’édulcore par rapport à son matériau d’origine. Au fil du temps le livre a subi de nombreuses censures alors que le film écope d’un petit PG13. Le réalisateur effleure son histoire où la déshumanisation est au cœur du récit et préfère opter pour une réalisation peu subtile où le classicisme est le maître mot. L’ensemble est fade et peu inspiré, avec un montage mou qui casse le rythme et rend ces 2h30 interminables. A lui tout seul, la force du récit ne suffit pas à nous transporter. Spielberg veut bien faire et semble ne vouloir froisser personne, le film aurait peut être mérité un réalisateur plus concerné par les thèmes évoqués.
Avec cet œuvre, Spielberg réalise son premier vrai drame et saupoudre le tout d’une trop grosse couche de sentimentalisme afin être sûr d’atteindre son objectif : faire pleurer. Ce qu’il ne parvient pas à atteindre. Émouvoir, oui. Pleurer, non.
Présenté au Festival de Cannes en 1986, LA COULEUR POURPRE est un succès de plus au box office pour Spielberg. Première fois que le réalisateur est nommé 11 fois au Oscar. Il repartira bredouilles. Ce n’est pas encore pour cette fois que ses pairs reconnaîtront son talent. Ce n’est que partie remise. Mais Spielberg n’ayant pas dit son dernier mot, deux ans plus tard il se frottera à nouveau au genre dramatique avec L’EMPIRE DU SOLEIL. Mais ceci est une autre histoire…