Summer Wars
7.1
Summer Wars

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda (2009)

Summer Wars apparait pour beaucoup comme le film le plus ambitieux de Mamoru Hosoda, du moins en apparence. En effet la promesse du film résidait dans le fait de représenter un grand spectacle basé sur un monde virtuel où le réalisateur pourrait exercer ses talents d'animateur à son plein potentiel (le film est d'ailleurs présenté comme appartenant dans le registre SF/Action). De plus, il se trouvait être également l'un des projets personnels les plus ambitieux en terme d'animation depuis la sortie de Paprika de Satoshi Kon en 2006 qui penchait lui aussi dans la représentation d'un monde virtuel et qui avait à sa manière révolutionné l'animation japonaise.

Pourtant, le réalisateur ne semble pas replonger dans ce qui faisait le début de sa carrière, à savoir des films s'inscrivant dans une franchise populaire faits pour créer des "blockbusters". On pourra citer le voir avec les films Digimon ou encore le film One Piece et le Baron Omatsuri, où là encore le réalisateur semblait faire basculer la saga One Piece vers une approche plus sombre et intimiste. C'est finalement avec La Traversée du temps que le réalisateur finira de se détacher de ces types de films afin de se concentrer véritablement sur des projets personnels et de se construire une filmographie.

Summer Wars apparait donc finalement comme le point de rupture avec les films à franchise puisqu'il se révèle être sous ses airs de pseudo-blockbuster être une œuvre beaucoup plus personnelle qu'il n'y parait. Car en effet à l'inverse de son beaucoup plus lointain Belle la thématique du monde virtuelle sera beaucoup moins mise en avant puisque Mamoru Hosoda semble pencher vers la thématique du drame familial. L'originalité du film réside déjà dans le fait d'être dénué de message percutant sur l'importance de la réalité puisque nos personnages semblent en être parfaitement conscients dès le départ puisque l'on va plus les voir en groupe que devant un écran.

Néanmoins je dois avouer que pendant mon visionnage (qui est unique à ce jour), malgré des appréciations globales mon principal problème était que Mamoru Hosoda s’enfonçait dans une histoire muni d'un scénario plutôt basique et qui accumulait les clichés. Que ce soit au niveau des personnages dont l'attachement m'avait été difficile pour chacun d'entre eux dont le héros geek bien shooté aux problèmes de maths ou bien la fille que tout le monde adore mais qui est en réalité insupportable, le "tonton connard" qui devient gentil à la fin bref... Ou bien en terme de scénario où le climax mise beaucoup sur le pouvoir de l'amitié (ou de la famille je sais plus...), ainsi qu'une naïveté un petit peu trop présente par moments qui personnellement me sortait de l'intrigue :

Ne me faites pas croire que le monde entier à été mis sous menace nucléaire mais qu'il n' y a eu aucune victime, d'autant plus qu'ils ont dégagé la bombe dans le jardin des voisins aussi simplement que si ça avait été un cadavre de pigeon (RIP les voisins...).

Ou encore lorsque le héros reçoit un mail d'une personne inconnue contenant un message codé, sa première initiative ne sera pas de bloquer cette personne potentiellement DANGEREUSE mais plutôt de craquer le message codé ET SURTOUT de lui envoyer la réponse...

Mais malgré de tout je suis bien forcé de constater que malgré ces petits défauts troublants le scénario fonctionnent pour une simple et bonne raison : Mamoru Hosoda. Parce qu'il ne se contente pas de réécrire une histoire traditionnelle que l'on à déjà vu et revu des centaines de fois il reinvente ce style de film à sa manière. Affirmer ce genre de chose peut paraitre anecdotique quand on y pense mais elle est ici d'autant plus importante que Summer Wars regroupe absolument tous les éléments qui façonneront la filmographie de Hosoda. Un univers virtuel ou transcendantal présent, des personnages ayant une apparence mi humaine mi animale, des baleines intégrés dans le récit, mais c'est surtout comme je le disais le thème de la famille qui est ici central car c'est un thème qui est cher à son réalisateur. Et ce n'est rien d’étonnant quand on sait qu'il réalisera plus tard Les Enfants Loups Ame & Yuki, Mirai ma petite sœur, ou même encore Le Garçon et la Bête qui se rapproche un peu plus de l'approche de Summer Wars. Car si les deux premiers films se focaliseront sur la difficulté d'être parent ou même d'être enfant, Summer Wars se concentre tout particulièrement sur ce qui fait l’essence d'un groupe aussi complexe que la famille.

Pour cela il ne va pas se concentrer frontalement sur chaque personnage qui la compose afin de le développer à son plein potentiel (ce qui est impossible quand on sait que la famille est composée de plus de 20 personnes...) mais plutôt sur leurs interactions et elles se révèlent finalement suffisantes pour caractériser les personnages en rendant le tout linéaire. Avec cela les scènes d'émotions marchent plutôt bien, que ce soit le flashback avec l'oncle et la grand mère, Kazuma et son grand père. Et même le peu de ligne de dialogue conférés à certains personnages suffisent à justifier leur présence, leur utilité et leur comportement.

Par exemple : - "C'est en protégeant autrui qu'on protège soi même"

- "C'est la devise de l'armée ?"

- "Non, une réplique des Sept Samouraïs"

D'ailleurs en parlant des Sept Samouraïs je trouve important de souligner le fait que même le lore des samouraï est revisité à la sauce Hosoda, notamment dans le fait que cette famille descendante d'une lignée de samouraï soit dirigée par soit sous filiation matriarcale, ce qui disons le est assez peu commun chez les Samouraïs. Mais cela n'a rien d'étonnant quand on sais que la figure maternelle est une thématique aussi chère à Hosoda que celle de la famille car elle sera présente dans tous ses films depuis la sortie de Summer Wars.


Pour ce qui est ensuite de l'animation elle aura pu autant faire ses preuves qu'avoir pris un petit coup de vieux mais elle n'en reste pas moins logique dans la narration. Car en effet, l'animation est à chaque fois mise en scène de manière différente qui varie selon les instants. Les passages dans le monde réel présentent une animation aux traits et aplats plutôt épurés et représentés à travers des plans plutôt éloignés des personnages permettant de représenter la famille ensemble ou au contraire d'observer les personnages de loin représentant par moments leur solitude (et surtout celle que le personnage principal pouvait ressentir au début). Alors qu'à l'inverse les passages dans le monde d'Oz (qui sont majoritairement utilisés pour les scènes d'actions) livrent une utilisation de la 3D beaucoup plus marquée (logique me direz vous) et d'une animation beaucoup plus complète. Les plans eux aussi se rapprochent un peu plus des avatars ce qui permet de mettre l'accent sur l'importance de chaque coup dans l'action; mais ils savent également s'éloigner afin de procurer une vision plus contemplative du monde d'Oz tout en conservant son aspect grandiose.

Je fait surtout référence au moment ou les maisons se matérialisent en quantité autour de l'espace central d’Oz, c'était l'instant frissons.

Le récit gagne donc en cohérence car si Mamoru Hosoda reprends les bases d'une histoire plutôt basique à sa manière, il adapte également son animation en fonction de ce qu'il raconte de la même manière qu'un Isao Takahata sur "Le Conte de la Princesse Kaguya" (bon l'écart est énorme mais l'idée est là). Et cette idée se retrouve également dans la BO du film qui caractérise de manière optimale l'atmosphère de chaque scène où elle est superposée, je pense notamment à "Pleasure Criminal" ou bien "King Kazma".


Je dirai donc que c'est un film agréable à regarder et qui malgré ses certaines faiblesses/maladresses scénaristiques se tient dans ce qu'il cherche à montrer et qui ancre parfaitement la patte de son réalisateur



Seigyo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2009 et Les meilleurs films de Mamoru Hosoda

Créée

le 14 sept. 2025

Critique lue 14 fois

Seigyo

Écrit par

Critique lue 14 fois

D'autres avis sur Summer Wars

Summer Wars
Hypérion
6

Déconseillé aux plus de 17 ans

Film de Mamoru Hosoda, réalisateur récemment découvert via Les Enfants Loups (criante déception), Summer Wars est d'un classicisme consommé dans son scénario et ses personnages, avec une cible bien...

le 6 sept. 2012

52 j'aime

18

Summer Wars
SanFelice
8

Love Machine

En lisant quelques critiques par-ci par-là, je me suis rendu compte que ce film a été, au mieux, accepté avec réserves, voire même rejeté avec déception. ben moi, je l'ai bien aimé. J'ai passé 1h50...

le 12 févr. 2013

41 j'aime

8

Summer Wars
Dr_Chikenman
6

Critique de Summer Wars par Dr_Chikenman

Summer Wars. Un film sympatoche pour tout un tas de raisons, et à la fois crispant pour à peu près les mêmes raisons. Kenji, un jeune lycéen surdoué en mathématiques, prend pour job d'été avec l'un...

le 19 déc. 2010

41 j'aime

4

Du même critique

28 jours plus tard
Seigyo
4

L'invasion des morts-manifestants

A l'approche de la sortie au cinéma du film "28 Ans Plus Tard" toujours sous la réalisation de Danny Boyle et l'écriture d'Alex Garland, le visionnage de ce film devenait de plus en plus urgent...

le 23 août 2025

Sinners
Seigyo
8

Une Nuit en Enfer ?? (Analyse)

À vrai dire ce film n'a jamais été dans mes projets de visionnage de l'année. Tout d'abord le fait que sa direction ait été confiée a Ryan Coogler ne m'avait pas vraiment convaincu, son cinéma ne...

le 30 avr. 2025

La Réparation
Seigyo
4

Tu sais à quoi ça tient une étoile sur Sens Critique ??

Aussi variée soit elle, ma vie progressive de cinéphile ne s'était encore jamais attaqué à la filmographie du cinéaste Regis Wargnier dont les distinctions (Oscar du meilleur film étranger) m'aent...

le 21 avr. 2025