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A l'approche de la sortie au cinéma du film "28 Ans Plus Tard" toujours sous la réalisation de Danny Boyle et l'écriture d'Alex Garland, le visionnage de ce film devenait de plus en plus urgent. D'autant plus que ce film est considéré pour beaucoup d'un classique parmi les films de zombies, un genre dont je ne suis pas particulièrement fan mais dont les visionnages sont pour la plupart agréables. Je pourrais par exemple citer "Dernier Train pour Busan" de Sang-ho Yeon qui se servait du train à la fois comme d'un décor mais également comme d'un élément crucial du scénario créant un enjeu ainsi que de la tension accentuée par cette direction des zombies nettement plus brutale que dans les productions Hollywoodiennes. Et si l'ambiance serait évidemment différente (le ton coréen n'étant pas insignifiant dans "Dernier Train pour Busan") la simple recherche de la mise sous tension aurait déjà été pour moi un élément de réussite pour le film qu'importe le résultat final.

Le film se déroule selon moi en deux parties tant elles se diffèrent au niveau de ce qu'elles racontent ainsi qu'au niveau de leur mise en scène.

La première partie se focalise sur la présentation des personnages principaux ainsi que du nouveau monde dans lequel ils sont obligé de (sur)vivre malgré eux ce qui permet donc de fixer les enjeux. Et en effet cette première partie avait toutes les chances de fonctionner ne serait ce que sur le plan technique ! La caméra doté d'une image floue créant une image quasi saturée permettait parfaitement de représenter dans un premier temps un avant gout de la brutalité du virus avec sa scène d'introduction plutôt convaincante. Mais elle créait également une ambiance presque semblable à un reportage en raison de la qualité de l'image qui permettait également de renforcer la dimension apocalyptique de l’œuvre. Notamment avec sa représentation de Londres complétement dénuée de signe de vie ; cette idée étant renforcée par de plans très éloignés du personnage de Cillian Murphy afin de souligner leur solitude. Cependant le poids de toute cette mise en scène a fini par s'écrouler en raison d'un petit vis mal vissé dans la plus grande roue de l'engrenage : Les Zombies (ou infectés on s'en fout...).

Les problèmes débutent à partir de là (le début des emmerdes comme on dit) car cette représentation des zombies annihile toute possibilité de scène de tension à cause de mouvements trop humains de leur part, la horde de zombies évoquant donc plus à une invasion de manifestants en grève plutôt qu'à une invasion de morts vivants...

Je pense notamment à la scène du pneu crevé, toute la mise en scène était déjà suffisante pour créer une bonne scène de tension mais dès l'apparition des "zombies" la tension s'est envolée.

C'est simple : c'est comme si à la place d'un zombie il y avait une vache qui courait après les personnages, autant dire qu'à partir de là le niveau de peur est proche de zéro.

Et cette absence permanente de tension et de peur est accentuée par certaines actions des personnages semblant tout faire pour ne pas survivre. Cela n'aurait presque pas été gênant si les règles imposée par le personnage de Naomie Harris n'avaient pas été exposées plus tôt dans le film avant que cela n'arrive.

Alors je dis pas, des personnages débiles y en a très souvent dans des films d'horreur de ce type là, cela permet justement de démontrer à quel point les mesures mises en place dans une apocalypse sont strictes afin de pouvoir survivre et qu'il faut pas déconner avec ça. CEPENDANT ! Si ces actions avaient été exercées par le personnage de Jim (Cillian Murphy) cela aurait pu passer puisqu'il vient tout juste d'émerger dans un monde qui lui est encore totalement inconnu sauf qu'ici il s'agit du personnage de Selena (Naomie Harris) qui adopte littéralement dans cette première partie une pseudo figure de mentor pour Jim ce qui crée une incohérence assez gênante au niveau de son personnage.

Je pense par exemple à la scène où les deux personnages se trouvent dans l'escalier d'un immeuble et entendent un zombie marcher au rez de chaussée. Au lieu de se taire et de laisser le zombie passer son chemin il a fallu que le personnage de Selena éclaire sa lampe torche en direction du zombie (comme ci le spectateur n'avait pas compris qu'il y avait un zombie en bas de l'immeuble) et comme ci cela ne suffisait pas il fallait en plus qu'elle hurle : "Il y a un zombie en bas !" J'exagère à peine

Spoilers à partir de là

Arrive ensuite la seconde partie dans laquelle les protagonistes se trouvent au cœur de l'enjeu en ayant retrouvé un signe de vie dans la ville de Manchester, ce signe de vie se révélant être un groupe de militaires. C'est à partir de là qu'on ressent que la patte d'Alex Garland (scénariste du film) est la plus appliquée. En effet, le film entre dans une nouvelle phase qui laisse de coté le film de zombie afin de se pencher sur le film d'anticipation? sous genre présent dans presque tous ses films. Il représente ici une dystopie avec un règne des militaires sur la ville croyant à un nouveau cycle de vie basé sur la promesse de leur chef de se procurer des femmes afin d'en "tirer profit" pour se faire plaisir et non pas pour recréer la vie (remarque dans les deux cas c'est horrible car c'est également une forme d'abus).

C'est là que le film commençait selon moi à prendre une direction intéressante car même si l'arrivée de Jim et Selena a pu confirmer la promesse du major, sa promesse était à première vue perdue d'avance puisqu'il ne reste sur Manchester que les militaires, plus aucun civil (ce qui est encore un peu léger en terme d'écriture parce que soit les militaires sont les pires militaires au monde soit c'est juste mal écrit). De plus, le major nous certifie que les zombies finiront par mourir de faim du fait de leur intelligence limitée sauf que même si le major dit vrai sa certification représente surtout son déni au sujet de sa propre mort ainsi que de celle de son groupe de militaires car il se compare directement aux zombies. Le film arrive ici à instaurer une idée de désespoir plutôt efficace et que je n'arrivais pas à prendre au sérieux dans la première partie.

Malheureusement cette seconde partie ne dérogera pas à la maladresse de la précédente pour me sortir du film avec la révolte de Jim lorsque les militaires tentent d'abuser Selena car alors que Jim est sur le point de se faire exécuter, il s'évade en dehors de l'enceinte des militaires où se trouvent les zombies. S'ensuit un power up assez direct du personnage de Cillian Murphy causé selon moi en grande partie par la perte de son T-shirt (et de ces menottes étrangement) et qui parvient à sauver in extremis Selena des militaires armés jusqu'au dents avec un tube de métal. A partir de là j'avais juste la nette impression que Danny Boyle était aussi pressé de terminer le film que moi...


Ce film m'évoque finalement mais surtout tristement un échec par le simple fait qu'il possède un excellent metteur en scène mais qui n'arrive pas à relier sa mise en scène et son scénario afin de rendre l'ensemble cohérent. Si la mise en scène fonctionne le scénario lui, est plutôt faible et quand le scénario s'affirme enfin, la mise en scène faiblit, ce qui rend le film maladroit et procure au spectateur une sensation assez monotone et une émotion presque inexistante.

Créée

le 23 août 2025

Critique lue 20 fois

Seigyo

Écrit par

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