Après avoir vu le premier film il y a pratiquement… une vingtaine d'années (aïe !), voilà le tour de Super Size Me 2, toujours réalisé par Morgan Spurlock, toujours devant la caméra.

Ne m'étant pas intéressé plus que ça au documentaire avant de commencer à le visionner, j'avais un peu peur de retomber sur la même chose que le premier, qu'il revienne dans les mêmes chaînes de restauration rapide pour dire que c'est toujours de la merde. Alors… c'est le cas, mais ce n'est clairement pas le sujet du film. Il y a bien ce passage dans lequel il refait le tour des fastfoods qu'il a visités une douzaine d'années plus tôt, mais ça se conclut bien vite par la meilleure phase du film :

« L'aspect est différent, mais c'est toujours aussi mauvais. »

La question que se pose Spurlock dans un premier temps étant de savoir si, comme l'affirment les grosses enseignes, le fastfood est devenu plus sain… la réponse est donc bien évidement non. Mais l'illusion est présente elle, les enseignes s'étant créées une image, racontant une histoire, vantant par la même la qualité de leurs produits (du greenwashing quoi) : le principal étant que le consommateur y croit… les quelques questions posées à des passants dans la rue vont en tous cas dans ce sens.


Le premier truc qui surprend quand on entame ce Super Size Me 2, c'est le fait d'apprendre que Morgan Spurlock va ouvrir son propre restaurant. Les premiers intervenants (dont deux restaurateurs) faisant très vite la remarque que le sandwich au poulet est en passe de remplacer le burger : ce sera donc ça qu'il vendra dans son restaurant. L'occasion pour le réalisateur de se renseigner auprès de qui il peut acheter ses poulets.

Premier problème : 99 % de la production provient de marques rattachées au même lobby, surnommé Big Chicken par le réalisateur. Un consortium regroupant principalement Tyson, Pilgrim's, Sanderson Farms, Koch Foods et Perdue.

Second problème, les poulets fournis par ces enseignes sont majoritairement des Ross Cross : des poulets de chair qui sont le fruit de 70 ans de recherche intensive et d'élevage sélectif… Le hic, c'est que ces poulets grandissant trop vite, ils meurent fréquemment de crise cardiaque, se trimballent pas mal de maladies et autres joyeusetés avec eux, ont du mal à supporter leur propre poids (leurs os finissent même par se courber), se nécrosent de l'intérieur…

Troisième problème, les éleveurs sont pris en otage par ces enseignes, leur reversant un salaire misérable, et les mettant en compétition : l'éleveur le plus méritant gagnant théoriquement le plus… sauf que l'entreprise ne les dédommage pas si le grain livré est de mauvaise qualité, si ce sont des femelles (qui grandissent moins vite) qui sont livrées à la place des mâles, ou s'ils commettent n'importe quelle autre connerie.


Et c'est là où tout le génie du film intervient puisque le réalisateur finit bel et bien par ouvrir son restaurant. Faisant exactement comme l'intégralité des autres enseignes, il va tout faire pour tromper le consommateur dans un premier temps. Employer l'effet de halo, utiliser des notions auxquelles on peut leur donner le sens que l'on veut :

  • « en plein air » : 1 mètre carré en « plein air » accolé à un (gigantesque) poulailler étant suffisant ;
  • « naturel » : qui n'a rien à voir avec l'élevage de l'animal ;
  • « sans hormones » : légalement interdit ;
  • « en liberté » : les poulets de chairs ne pouvant être élevés en cage, ils sont par conséquents considérés comme « libres » ;
  • « élevé humainement » : terme définit par le producteur.

… de toute façon, même en cas de mensonge, le gouvernement ne vérifie rien de toute façon.

On retrouve aussi cette logique d'image de marque, de storytelling, mais complètement twisté ; le but étant d'indiquer au consommateur comment ce qu'il consomme a fini par arriver dans son assiette, être le plus transparent avec lui. On retrouve cette logique d'enseigne avec des messages écrits en gros sur les murs, sauf qu'ici, il est directement indiqué aux consommateurs comment on le prend pour un con. Les messages inscrits sur les cartons et gobelets sont dans cette même logique ; être le plus directe, le plus franc, avec le consommateur ; en leur indiquant ce qu'ils sont en train de consommer réellement.

Bizarrement, le truc qui m'a le plus marqué, c'est l'ajout de marques de charbon aromatisées, juste pour donner un effet grill.


Le premier Super Size Me donnait tout sauf envie de manger dans un fastfood, le second m'a presque donné envie de devenir végan.

MacCAM
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le 22 janv. 2024

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MacCAM

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