Un Bijou
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Les images sont très belles, notamment les plans de l’appartement du personnage principal qui semblent tous composés comme des peintures d’un genre qui n’existe que dans quelques rares tableaux de ces trente ou quarante dernières années – en fait, je ne connais que Thomas Levy-Lasne qui fait ça : des représentations réalistes de gens de la fin du 20e siècle et du début du 21e qui travaillent ou s’amusent chez eux, en groupe ou tout seuls. Des revues et des livres qui trainent, une télé posée à même la moquette, quelques plantes vertes, un balcon qui ouvre vers l’immensité urbaine, un magnétoscope dernier cri et des cassettes VHS, des petites tables sur lesquelles poser téléphone à touche et lampe à abat-jour, cuisine ouverte, des murs légèrement jaunes sur lesquels sont posés des calendriers américains et des peintures de bord de mer. Les plans extérieurs ne sont pas mal non plus : alignements foutraques d’immeubles sans fin, rues grouillantes de commerces, rues éclairées de néons cafardeux la nuit, enseignes publicitaires pétaradantes, architectures complexes le tout saupoudré de végétation exotique ici ou là : c’est Taïpei dans les années 1980 et ces images suffisent à rendre le film remarquable.
Le scénario est quant à lui mince : il ne se passe pas grand-chose et c’est très bien comme cela car on peut d’autant mieux se concentrer sur le défilé des images. C’est l’histoire d’un homme et d’une femme d’environ trente ans, peut-être un peu plus, mais pas sûr. Ils se connaissent depuis la petite école, on a l’impression qu’ils vont emménager ensemble au début du film. C’est plus ou moins le cas, même si chacun semble garder beaucoup d’indépendance. Petit à petit, subrepticement, la vie va les séparer. Lui est un ancien joueur de base-ball, il vivote entre sa gloire passée et un futur indéterminable, peut-être en Amérique dans un business d’export monté par son beau-frère. Elle se fait virer de son boulot après que sa boite a été rachetée par une entreprise tierce. Elle flirte avec un type de son bureau, elle a envie de ne rien faire pendant un petit temps avant de chercher un nouveau travail. Lui sort pas mal, dans des endroits où la classe moyenne va s’enivrer, jouer aux cartes et chanter jusqu’à pas d’heure. Il retrouve un copain d’enfance d’une classe sociale inférieure. On visite des taudis, on nous montre le côté sombre de Taïwan. Beaucoup de gens ne sont pas si à l’aise financièrement et demandent de l’argent à d’autres. Il y a peu de dialogues. Tout est très mélancolique, même la musique de karaoké, mais surtout les gros plans sur la fille qui fume des cigarettes avec ses lunettes de soleil sur le nez, le regard dans le vague – on dirait Rachida Dati, je sais pas, y’a une ressemblance.
À la fin, le type qui s’avère être plutôt violent est gravement blessé dans une bagarre avec un type en moto qui convoite sa nana qui si j’ai bien compris n’est plus que son ex car désormais la vie les a vraiment séparés. On ne sait pas bien s’il va survivre et la fille retrouve du boulot car son ancienne patronne l’appelle pour la reprendre dans un nouveau business et voilà, c’est fini.
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il y a 3 jours
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