Nolan - Boileau

Dans l'Art poétique, Nicolas Boileau sort son vers le plus fameux : "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement". Sa contraposée est rarement évoquée mais l'on pense beaucoup à elle en voyant le dernier Nolan en date : "Ce que l'on énonce non clairement n'est pas bien conçu".

D'entrée, une musique bourrine forte, une scène de pré-générique où l'on ne voit pas les visages et où l'on ne connait pas du tout les enjeux, annonce tout le mal à venir. Viennent ensuite un tour de monde, une musique bourrine, beaucoup de bla-bla (l'impression de voir un James Bond réalisé par Woody Allen), des discussions avec des personnages non présentés qui parlent de sujets dont on ne comprend rien, le tout avec un montage haché, Jean-Marie Poiré est-il de retour ?

On présente le programme Tenet au protagoniste mais il ne pose aucune question. Les voyages dans le temps ne sont pas cohérents et le concept des "balles qui viennent du futur", donc du film, ne tient pas 2 secondes : Les trous des balles restent dans les murs mais pas dans les gens ? À quel moment les balles apparaissent-elles dans les murs ? Ont-elles toujours été là ? Quand les maçon ont construit les murs, les trous était déjà présents ? Dans les briques du mur aussi ? Les balles étaient déjà dans le ciment ? On peut se poser la même question concernant le rétroviseur cassé de la BMW des 2 protagonistes, qui se "répare" dans la scène de l'autoroute à Tallinn.

On aperçoit Micheal Caine qui joue le même personnage depuis 20 ans, une mannequin blonde semble t-il attachée à son fils mais l'on voit ce dernier à peine une fois, mais toujours plus existant que le héros, et Robert Pattinson qui semble savoir tout faire (mais il a fait un Master en physique, hein). D'ailleurs au niveau des dialogues imbitables, au milieu de théories physiques pointues, on nous parle du paradoxe du grand-père. C'est magnifique. À ce moment-là, un des personnages bogue et il lui demande de répéter les explications de cette théorie enfantine très connue. Il ne la connaissait pas. Quelle bande de merdes.

La musique est vraiment horrible. On se demande si elle est censée empêcher le spectateur de s'endormir ou bien de réfléchir.

La scène du final offre le compte à rebours le plus long de l'histoire et une scène épouvantable : On voit rien, on en comprend rien, ça tremble de partout, en plus de la musique horrible. On se croirait sur un terrain de foot en plein match, à la coupe du monde 2010 pour le côté sonore.

On nous parle depuis des mois d'une scène d'accident d'avion : un Boeing détruit ! En fait le choc est léger et il rappelle même une scène du premier film des ZAZ (Y'a t-il un flic dans l'avion ?), où le budget était plus faible, je pense.

Un bon point : Kenneth Branagh s'amuse avec l'accent russe. Mais le film fera un bide, le bouche-à-oreille ne passera pas, l'on dira que c'est à cause de la crise du COVID.

En suivant le film, une question m'est venue : Si Nolan avait eu ce concept dans le réel, ce serait-il empêcher de réaliser The Dark Knight rises ? En fait non, il se serait empêcher de faire Tenet.