Les films ou romans sur les paradoxes temporels trouvent très souvent chez moi un écho favorable. En effet, le plaisir de se triturer les méninges pour saisir les implications de tels imbroglios ne se dément pas chez moi.


Tenet n'y fait pas exception. Film mené tambour battant par le talentueux Christopher Nolan, il expose rapidement les tenants et les aboutissants de son concept, pas plus difficiles à saisir que Matrix en son temps. Il suffit de se concentrer un peu, exigence devenue trop rare dans les salles obscures. Je fais partie de ceux qui déplorent la tendance désormais bien ancrée qui veut que les blockbusters en mettent plein la vue pour dissimuler leur vacuité scénaristique et conceptuelle. Pour une fois qu'un récit suscite un petit moulinet du cortex, je ne vais certainement pas m'en plaindre. Tenet me semble vibrer tel un écho à Matrix, Inception, Interstellar, Edge of Tommorow, œuvres fortes voire carrément géniales. Vibrations que l'on retrouve dans dans la bande son, d'une puissance grave qui rappelle celle d'Interstellar et prend le spectateur aux tripes, lui faisant vivre une expérience tout aussi physique qu'intellectuelle.
Mais si certains estiment compliquée cette histoire, c'est juste quelle se pare des oripeaux de la réflexion sur le temps, concept n'existant que dans l'esprit de l'humain qui l'a inventé. Le paradoxe du grand-père, pour qui goûte un tant soit peu la S-F, est une notion pas trop élaborée, quoique vertigineuse. Pour le reste, c'est un simple film d'action qui consiste à sauver le monde. Je crois que l'on a déjà vu cela. Mais derrière la caméra se trouve Christopher Nolan et


son idée de double flux temporel inversé


donne à l'écran des images incroyables et des scènes d'action surréalistes. Du bonheur en images et sensations !


Côté scénario, le héros doit sauver le monde et ses motivations profondes demeurent absconses. Seul point qui m'a un peu gêné, l'intérêt du protagoniste pour cette femme alors qu'elle ne représente pas grand chose, à part peut-être une clef, au regard des enjeux qui traversent le récit.
Les acteurs jouent parfaitement leurs partitions respectives, le duo principal (John David Washington et Robert Pattinson) fonctionnant parfaitement avec ses non-dits et ses ambiguïtés. Kenneth Branagh pour sa part campe un méchant vraiment inquiétant qui ne semble pas craindre grand chose, la raison nous en étant livrée en dernière partie de film. La passage de Michaël Caine est toujours agréable à suivre, tant le bonhomme inspire sympathie et humour anglais.


Avec Tenet, c'est une oeuvre personnelle, que l'on pourra certainement pas taxer d'édulcorée ou formatée, qui nous est offerte. La réflexion à laquelle nous invite Christopher Nolan s'avère délicieuse et ne prend pas plus de temps que cela.


PS: le film se savoure encore davantage lors de son second visionnage, l'imbrication des éléments régalant le spectateur par anticipation. On relève plus facilement encore les éléments de l'antique carré SATOR utilisé par Christopher Nolan comme référence du titre de son oeuvre (Sator / Arepo / Tenet / Opera / Rotas).

Apostille
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le 30 août 2020

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