Après Interstellar et son exploration maîtrisée entre action et réflexion, un nouveau Nolan avait de quoi interpeller.
Tout ce qui a fait la grandeur du cinéma est absent dans ce film.
La réflexion est creuse, mais ce n'est pas là le plus gros problème. Les films stupides on en a vu à la pelle, parfois même avec délice on enchaîne les épisodes de Banshee pris dans son action, on reregarde dans un calme serein prodigué par leur néant intellectuel des films américains aux codes essoufflés mais ô combien drôles, dépassés par leurs gros russes méchants ainsi que leurs explosions à tire-larigot.
Ca tourne mal quand en 2020 on refait ces erreurs méthodiquement, avec un encore plus gros budget et un ton bien trop sérieux. Une petite voix sort du projecteur et vient te clamer "t'as vu mec, puisssaaaaant 8) ", ce à quoi on répond par un simple frottement de front gêné du revers de la manche en esquissant un demi-sourire: Ah.
Beaucoup de choses apportent de la profondeur à un film, et ce n'est pas en regardant Tenet que vous en apprendrez plus à ce sujet. Une scène me semble digne d'être mentionnée: celle du corps massif d'un avion vu en une défilante contre-plongée, quelques secondes soit sûrement un cinq-millième du film. Le reste est une forme particulière d'ennui, celle qui se veut explosive au point de ne plus rien souffler du tout. Il y a des meurtres, des effets sonores, du BOUM, du TAC!, du VLAN au point que ça dépasse le seuil de l'emmerdement pour en devenir vraiment lassant.
Là où les films les plus grandioses et maîtrisés savent faire de l'action une clé de voûte comme un basculement, Tenet l'envoie à la figure du spectateur comme on se débarrasse d'un mouchoir à sperme après une branlette expéditive. On a compris l'excitation des coups de feu, chacun son kink mais maintenant faut arrêter. Je ne fais pas partie de la sphère chiante des cinéphiles qui crache sur tout ce qui n'est pas mou, j'adore revoir Rambo comme John Wick mais là ça m'a clairement dépassé.
On était deux dans la salle, à moitié endormis devant l'écran de fin tant tout s'enchaîne sans un seul moment de contemplation, de sens ou de quoi que ce soit d'intéressant. Et qu'on ne vienne pas me parler de la pseudo-complexité du scénario qui se perd dans sa vacuité et n'est pas plus profonde qu'un exercice de maths du brevet des collèges.
Enfin bon, je vous ai dit qu'il y avait un méchant russe et des explosions?