Dans un cinéma français bien balisé, Rabah Ameur-Zaïmeche est l'un de ceux qui pratiquent sans faiblir un "hors piste" narratif qui le rend singulier et plutôt sympathique. On aimerait beaucoup apprécier davantage ses films mais ce n'est pas possible, ils sont tellement dénués d'émotion et peu attrayants qu'ils en deviennent rapidement ennuyeux. Terminal Sud ne fait pas exception à la règle avec son scénario au demeurant plutôt maigre (un médecin finit par baisser les bras dans un pays dictatorial), son récit disloqué et son interprétation d'une faiblesse terrible (désolé pour Ramzy Bedia dont le contre-emploi n'a rien de convaincant). Cette sorte de dystopie qui rappelle les années noires de l'Algérie pour l'atmosphère et ses paysages clairement du sud de la France est censé être une évocation des régimes liberticides qui fleurissent de par le monde mais rien dans la mise en scène ni dans son intrigue ne parvient à nous embarquer à l'image des premières dix minutes du film où un paysage défile pendant de longs moments et où la caméra s'attarde sur les visages des occupants d'un bus. Ces passages sont censés créer une ambiance délétère mais elles ne sont que lancinantes et sans grand intérêt par rapport à ce qui arrive par la suite. Terminal Sud devrait nous agripper par son sujet brûlant, nous effrayer même, mais il ne retient que peu l'attention, hormis peut-être dans une scène de torture assez prenante. C'est à peu près la seule qui suscite de vrais sentiments.

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le 22 nov. 2019

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