Dans un cadre spatio-temporel flou voire inexistant, Rabah Ameur-Zaimeche choisit de baser son intrigue autour d’un médecin qui survit tant bien que mal dans une situation économique et politique au bord de l’implosion. En suivant ce personnage principal au quotidien, nous rencontrons au détour de ruelles d’autres personnages, avec qui nous vivons des instants de vie reflétant une certaine vérité, qui dénote de la fiction tumultueuse présente tout au long du film. On assiste alors à la descente aux enfers du protagoniste principal et de plusieurs de ses interlocuteurs.
Malheureusement, malgré un scénario qui contient de nombreuses scènes émouvantes, voire choquantes, le film ne nous touche pas réellement. On ne connait que très peu chaque personnage et leurs mésaventures ne nous font donc pas ressentir quelconque empathie. Peut être est-ce un choix, de ne pas approfondir leurs relations, pour simplement donner un effet d’accumulation d’évènements accablants, dans le but de renforcer le pathos de la situation du médecin. Seulement ce choix ne fonctionne pas lorsque le spectateur n’en sait même pas plus sur le personnage principal, qui n’a pas réellement de passé, de convictions explicites, ou même de nom puisque dans le générique il s’appelle Le docteur. Il est vrai que c‘est ce qu’il est, simplement un médecin dont toutes les péripéties sont liées à son métier ; mais être médecin ce n’est pas un trait de caractère, il manque donc cruellement d’attrait. Au final, nous avons l’impression rémanente, que l’histoire contient un grand nombre de scènes violentes gratuitement, sans pour autant qu’elles donnent un rythme (éprouvant et voulu consciemment) au film.
En effet, l’alternance entre les scènes stressantes et celles plus calmes, est maladroite et nous sort du récit de nombreuses fois. Le flux est parfois inutilement lent et les situations dans lesquelles il nous place ne sont pas convaincantes ; en soit, puisqu’elles ne recèlent pas vraiment d’intérêts scénaristiques ; mais également cela étant due aux jeux d’acteurs parfois inexactes.
On peut penser que prendre le comédien Ramzy Bédia dans un genre différent que la comédie, dans lequel on le retrouve souvent, est une bonne chose. D’un autre côté, sa notoriété est ici une sorte de handicap puisque le spectateur ne sait pas s’il a du mal à y croire du fait de la surprise de le retrouver dans un drame, ou si le jeu n’est pas en soit bien travaillé. Assez t-il tout étant, nous ne pouvons pas expliquer la médiocrité du docteur uniquement par le jeu de l’acteur qui l’incarne puisque comme nous l’avons vu, le problème est multipolaire.
En conclusion, nous pouvons dire que le film laisse le spectateur quelque peu indifférent et ne fait pas ressortir de profondeur malgré les thèmes abordés. Néanmoins, on peut relever le traitement métaphorique de la place du médecin qui ausculte ses patients malades, et qui voit aussi la société qui l’entoure rongée par différents maux, en se retrouvant impuissant souvent dans les deux cas.