Support: Bluray
Je dois bien avouer que si je me suis procuré un coffret dix films de Shinya Tsukamoto, c’est avant tout pour découvrir Tetsuo. Mais en tant que puriste auto-proclamé, j’ai décidé d’y aller chronologiquement, et commence donc par ce curieux objet qu’est The Adventures of Denchu Kozo.
Et je dois admettre que je ne sais pas trop quoi penser, ni quoi comprendre, de ce que j’ai vu.
C’est l’histoire d’un mec qui a un poteau en béton (ou en PVC?) greffé dans le dos, et qui se fait sauver des malfrats qui le menacent au cutter par une écolière armée d’un katana. Pour la remercier, il lui propose une machine à voyager dans le temps, et en lui montrant comment elle fonctionne, il la déclenche et se retrouve vingt cinq plus tard, dans un futur où des vampires cyborgs se déplaçant en roomba dominent l’humanité à coup de bombes d’obscurité, et préparent une nouvelle arme secrète encore plus balaise. Du coup notre héros se voit ajouter un lampadaire sur son poteau pour arrêter l’âge des ténèbres. Voilà les cinq premières minutes du film, qui se concluent par un training montage pour que le gars maîtrise la force du poteau lumineux.
Le genre de films qui me font constater deux choses :
- Le House de Nobuhiko Ôbayashi n’est au final pas si étrange
- J’ai sans doute atteint mes limites dans ce que je peux approcher en termes de cinéma expérimental, japonais qui plus est.
Le moyen-métrage est un petit projet, tourné en 8mm sur 6-7 ans, qui amalgame le fauché et l’inventif, la prise vraisemblable de substances contrôlées et une certaine poésie foutraque, le cyberpunk et les vampires. Un fourre-tout cacophonique où la qualité délavée, baveuse, de la pellicule, et l’étouffement de la bande-son participent à la teneur confuse et brouillonne de l’ensemble. Un objet déluré qu’il faut éloigner des épilleptiques, et qui allie sexe, violence et cannibalisme avec un humour imbécilement réussi, dans une imagerie aussi singulière qu’elle est dérangeante. En fait, ça correspond peu ou prou à l’image que je me fais de Tetsuo, espérant juste que ce dernier soit plus léché, moins amateur.
Car si le budget miséreux du projet transparaît à chaque plan, The Adventures of Denchu Kozo transpire également la débrouille. Entre les stop motion en photomontage qui pullulent et rendent un effet assez particulier, les textures du ciel et des décors qui sentent le scrapbooking de pellicule, et les improbables costumes qui allient chair et machine dans un imbroglio érotico-diesel que n’aurait pas osé Titane, tout est aussi original que laid, mais participant de l’identité chaotique. Ajoutez à cela des thématiques symboliques qui semblent timidement pointé dans l’amoncellement, comme la puissance d’Eve qui surpasse les bombes Adam ou la création d’un héros à partir d’un gamin inadapté qui se fait martyriser, et l’OFNI finit par gagner assez d’intérêt pour mériter le coup d’oeil, surtout pour 40 minutes de test.
Un bidule expérimental à la croisée des genres, l’enfant difforme de David Kronenbourg, Rabid Lynch, Katsuhiro Auto-moto, Spam Raimi, et Gorges Méliès.