Ne vous fiez pas à son affiche très laide et vue et revue, "The Big Short" a quelque chose à vous proposer qui a un doux degré de dinguerie.
Non pas que l'économie ou, plus précisément, la macro-économie soit une source de folies particulière mais plutôt parce que le film raconte une histoire vraie et qui s'inscrit dans une actualité malheureusement encore brûlante quelques 8 années après le début de la crise financière et qui semble pourtant totalement inventée pour adapter un scénario à la "Ocean's Eleven" au monde de la finance.


Pourtant, l'histoire de ces quelques gens de la finance qui ont parié sur l'effondrement du marché de l'immobilier, marché considéré alors comme le plus solide de l'économie mondiale, anticipant la crise des subprimes de 2007 et celle bancaire et financière de 2008 est bien vraie. Elle a d'ailleurs été d'abord racontée par Michael Lewis dans son livre "The Big Short : Inside the Doomsday Machine" avant d'être adaptée au cinéma par la société de production de Brad Pitt, Plan B, et par Regency Enterprises.


Si vous craignez de ne rien comprendre ne fuyez pas. Le film est bien émaillé de termes techniques et il semble extrêmement documenté et solide mais il est à la portée de n'importe qui.
En tout et pour tout, je n'ai approché l'économie qu'au travers d'un cours de 36 heures à la faculté. Pas de quoi faire de moi un génie de la finance, vous en conviendrez. Pourtant, ce film a réussi à me faire comprendre tous les enjeux financiers et les conséquences probables des actes des personnages ainsi que tous les termes techniques.


"Que diable, comment est-ce possible ?" me direz-vous ! Eh bien tout simplement parce que le réalisateur a eu la merveilleuse idée de ne pas traiter l'histoire de manière classique mais en utilisant beaucoup de techniques visuelles et narratives relativement originales, un peu comme ce qu'avait fait "Le Loup de Wall Street" (on n'allait pas y couper à cette référence !).
Alors voilà des passages où le film est coupé et où une célébrité explique par une métaphore des notions économiques complexes pour les vulgariser au maximum : Margot Robbie vous expliquera ainsi dans son bain le principe des subprimes (façon très agréable d'ailleurs d'aborder l'économie, vous en conviendrez, hum hum) et Selena Gomez à une table de poker les CDO synthétiques.
La posture peut sembler osée mais elle fonctionne réellement bien et sans ces coupures explicatives, les dialogues ne seraient que charabia. Et puis l'utilisation de célébrités dans des endroits un peu insolites et sur un ton décomplexé permet d'éviter une lourdeur dans les explications qui aurait nui au rythme soutenu du film.


Un rythme soutenu d'ailleurs, c'est ce que l'on peut remarquer assez rapidement. C'est là où nous pouvons soulever à nouveau cette douce dinguerie : tout va très vite comme dans la finance, les cuts sont très nombreux, la caméra bouge souvent mais sans pour autant donner mal au crâne ou la nausée ...
On y revient mais c'est une comparaison obligée, "The Big Short" se rapproche du "Loup de Wall Street" en ce qu'il est impertinent, visuellement affirmé et très moderne.


On peut enfin le rapprocher du film de Scorsese également dans sa morale. Salauds ou héros nos personnages ? Ils semblent combattre un système pourri jusqu'à l'os mais finalement, ils ne font que jouer avec. Cette ambiguité est soulignée durant toute la deuxième partie du film au fur et à mesure que certains personnages se rendent compte de cette ambiguité morale. Pourtant le film ne tranche pas. Il ne fait pas de morale. Et puis, comme dit Jared Vennett, le personnage de Ryan Gosling, :



Je sens que vous me jugez mais je n'ai jamais dit que j'étais le gentil !



Et si l'on aborde cette ambiguité morale, il convient enfin de souligner le jeu des acteurs qui permettent à cette ambiguité de s'amplifier. Steve Carell, Christian Bale, Brad Pitt, Ryan Gosling ... Tous remplissent leur contrat avec pour certains une transformation physique qui peut être remarquée.


Ainsi, "The Big Short" aborde un événement récent complexe en permettant au péquin moyen d'en saisir toutes les nuances sans pour autant le vulgariser à outrance, sur un ton impertinent et avec une identité visuelle forte, en n'oubliant pas de distiller un peu d'humour et en avançant un casting 5 étoiles. Film historique, film économique et manifeste politique pour éveiller les consciences sur le fait que les causes de la crise de 2008 sont en train d'être reproduites par le même marché financier, "The Big Short" a finalement bien mérité son Oscar 2016 du meilleur scénario adapté et était un concurrent crédible dans bien d'autres catégories.

Elgato65
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le 3 mai 2016

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