The Creator par Melvin Zed

Bon, j’avais tellement adoré Monsters, à son époque, que j’ai jamais lâché la carrière de Gareth Edwards. D'abord dégoûté par son Godzilla, puis bien saoulé par son Rogue One, j’attendais depuis pas mal d'années qu’il revienne à un cinoche plus personnel, loin des énormes gloubi boulga de studios où on peine à retrouver la trace du réalisateur dans une mélasse sur-triturée. L’annonce d’Edwards aux manettes d’un (petit) film de SF, visuellement ultra ambitieux et détaché de toute franchise a bien évidemment sonné comme une joyeuse nouvelle, sa carrière allait enfin prolonger une œuvre personnelle un peu tristement cernée à une seule bobine. Bon, honnêtement, la bande-annonce de ce Creator n’augurait rien de bon, c'est le moins qu'on puisse dire. Derrière une direction artistique spectaculaire, mais finalement sans surprise, le film semblait emprunter à tout ce qui s’est fait ces 30 dernières années pour bricoler un truc qui avait l’air quand même bien pété. Bon, eh ben le résultat est à la hauteur des craintes, voire au-delà. C’est pas simplement mauvais, c’est absolument nul. Une direction artistique discutable donc, d’une spectaculaire banalité, habille une série de péripéties ratées, mal ficelées et horriblement montées, dessinant une histoire aussi insipide que prévisible. Alors OK, John Washington trimbale sa bonne gueule avec une nonchalance plutôt sympathique, mais autour de lui, quelle catastrophe. On pourrait se dire, à un moment, que le film a explosé durant sa fabrication, que pour une raison ou pour une autre, un terrible accident a frappé cette entreprise et qu’au montage ils ont dû tout tenter pour sauver les meubles, créant ces ellipses étonnantes, ou saccageant la plupart des séquences que ni les sfx (très propres), ni la zik de merde n’ont pu sauver de la Bérézina. Mais plus le film avance, et plus on réalise qu’il n’y a en fait rien à sauver. L’histoire est aussi misérable que mal écrite, le casting, pas toujours heureux, se démerde comme il peut avec des dialogues ineptes. Non, à part quelques visions semblant s’être échappées de quelques peintures de Jakub Różalski, perdues au milieu d’un océans d’emprunts, de clin d’œils, de citations ou de plagiats et autres réminiscences diverses, il n’y a absolument rien pour le spectateur pourtant armé des meilleures intentions… J’étais prêt à tout moi pour ce film, j’étais prêt à recourir à la mauvaise foi, j’étais prêt même à mentir comme un gros bâtard sans scrupule, j'étais prêt à carrément inventer des trucs et à jeter des accusations sans fondement à la tronche de ceux qui n'auraient pas suivi mon enthousiasme tellement j’avais envie de l’aimer ce film. Mais non, il faut bien le reconnaître : C’est une sacrée merde. Aussi ridicule qu'indéfendable.